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Disclamer : Ils sont à
Tokita/Yadate/Tomino je les emprunte et j'essaye de ne pas les abîmer, en tout
cas, ils ne se sont encore jamais plaints.
Genre : frienship, romance.
Rating : T
Acteurs : Quatre, Trowa, Catherine.
Début
d'écriture 16/08/2020
Suite de
« Il n'y a pas que l'amour que ça tue ! »
Les malheurs de Trowa
Catherine Bloom
AC 208
Pour
Trowa, la vie reprend lentement, il y a le travail et encore le travail. Il se
demande réellement s'il est fait pour le bonheur. Autant apprendre à être
heureux seul. Il va se prendre un abonnement au cinéma pour s'obliger à sortir
au moins une fois tous les quinze jours. Il n'est pas certain de trouver toutes
les semaines un film qui lui plaise ou du moins qui le tente. Il a repris aussi
une carte de bibliothèque, il aura plus de choix que dans la boîte aux livres
près de chez lui. Et il peut aussi s'acheter une nouveauté qu'il l'attire
réellement.
C'est
satisfait des aménagements qu'il va faire dans sa vie qu'il part au travail le
sourire aux lèvres.
Le temps
passe, Trowa se rend compte qu'il n'est pas le seul célibataire à aller au
cinéma. Il finit par reconnaître des têtes et dire bonjour plus que par simple
politesse. Comme il prend plaisir à discuter avec la bibliothécaire qui lui
propose des lectures en suivant les livres qu'il ramène.
Il y a
presque cinq mois qu'il vit ainsi quand en allant au travail, il voit une
affiche pour le cirque Bloom. Il se demande si c'est celui qui l'a hébergé durant
la guerre, il y a presque quinze ans maintenant.
Samedi,
il se rend à l'emplacement du cirque afin de visiter le mini zoo. Il sourit en
voyant Catherine, elle a pris un peu d'âge, mais n'a pas réellement changé.
Quand elle le voit, elle court vers lui et vient le serrer dans ses bras.
— Trowa,
Trowa Barton, qu'est-ce que tu deviens depuis la guerre ? Tu ne joues plus au
kamikaze aux moins ?
— Non, je
suis jardinier pour une entreprise privée qui entretient les propriétés de
particuliers.
— Et ça
te plaît ?
— Je n'ai
pas à me plaindre.
— Viens
boire un café. Tu es marié, tu as des enfants ?
Il lui
emboîte le pas en répondant :
— Non au
deux et toi ?
— Je suis
mariée à ce cirque, tous les membres sont mes enfants. J'ai repris le rôle de
Monsieur Loyal à la mort d'Hector. J'ai aussi toujours mon numéro de lanceuse
de couteaux, explique-t-elle.
Tout en
marchant, elle le conduit vers une roulotte, Trowa sourit, c'est toujours la
même.
— J'aime
ma roulotte, je n'allais pas prendre celle d'Hector parce que j'en ai le rôle.
C'était déjà celle-là que j'avais à l'époque de mes parents, celle que j'ai
remise en état après l'accident.
— Tu y es
attachée sentimentalement.
— Voilà,
tu prends toujours ton café noir ?
Il hoche
de la tête.
— Il
faudrait que tu viennes à une représentation, j'ai beaucoup modifié les
numéros, on manquait d'ambition.
— Tu as
toujours une cible humaine ?
— Non,
c'est changé. Je remplis des ballons de peinture que je perce, je vends les
tableaux après. Je coupe une corde qui fait tomber des plumes et des ballons
que je dois percer en vol. Je lance aussi des poignards en escalier et un petit
singe monte chercher une fleur tout au-dessus, les gens aiment beaucoup,
expose-t-elle en lui tendant une tasse de café noir.
— Il
faudra que je vienne voir ça. Léo est mort, je suppose ?
— Oui, il
y a cinq ans maintenant, on ne l'a pas remplacé. Il y a un spectacle avec
petits chiens auxquels on met des crinières, au moins on n'a plus la protection
du monde sauvage sur le dos.
— Même
pour le petit singe ? sourit-il.
— Non, il
appartient à un nouveau membre de l'équipe qui l'a sauvé des braconniers, il
l'a élevé comme son enfant en respectant son côté animal.
— Je sais
bien qu'ils sont bien traités, c'est les autres qui ne sont pas du métier qui
rendent parfois les animaux plus malheureux en croyant les libérer. Ils ont
toujours vécu avec les hommes, ils ne sauraient pas vivre dans la nature, ils
se feraient directement tuer ou mourraient de faim, argumente Trowa.
Il sirote
son café en se rappelant les bons moments. Il serait retourné au cirque s'il
n'avait pas voulu suivre Quatre par amour. Que c'est loin tout ça !
— Tu veux
un pass VIP pour le spectacle de ce soir ? dit tout d'un coup Catherine.
— Non, je
paierai ma place.
— Viens
me voir pour me dire ce que tu en as pensé.
— Je n'y
manquerai pas. Tu dois avoir du travail pour préparer les spectacles. Je vais
te laisser, à la prochaine fois, dit-il en se levant et se dirigeant vers la
porte.
— On
reste un mois, passe quand tu veux.
— Je n'y
manquerai pas.
Elle lui
donne une bise sur la joue et le regarde partir avant de rentrer dans sa
caravane.
Trowa
doit bien s'avouer qu'il avait été très heureux à l'époque et il avait très
envie aussi de se replonger dans cette ambiance, alors dès le soir, il vient à
la représentation. À l'instar des autres spectateurs, il a des étoiles dans les
yeux. Ce n'est pas un grand cirque, mais on voit que les artistes y mettent du
cœur et leur âme.
Son
numéro d'équilibriste sur un fil est devenu pour une jeune funambule, une danse
légère à dix mètres du sol, utilisant la corde aussi bien pour marcher que pour
se pendre en faisant croire à une chute et si ce n'est pas le cas, elle a l'art
du spectacle et de l'improvisation. Mais en regardant ses collègues au sol, il
ne détecte aucune angoisse, ça fait partie du numéro et c'est saisissant.
Les
petits chiens déguisés en lion sont à croquer et font bien rire. Vient après le
numéro de Catherine, il est grandiose, quand les chevaux apparaissent, un petit
lion sur le dos en guise de cavalier, la funambule devient dresseuse.
Il est un
des derniers à quitter le chapiteau, voyant certains artistes y entrent pour
nettoyer, Trowa se joint à eux. Les spectateurs n'ont pas laissé beaucoup de
déchets, le respect est bien entré dans les mœurs, c'est surtout la piste qu'il
faut remettre en état, il faut ramasser les morceaux de ballons éclatés, des
confettis et des serpentins, parfois un peu de crottin ou une crotte de chien.
Catherine
lui sourit, en le voyant à l'œuvre, elle prend un sac également et se met au
travail près de lui en disant :
— Alors ?
— C'est
magnifique, beaucoup plus féérique.
— Merci,
c'est l'œuvre de tous.
— Tu as
réussi à ôter la violence même pour ton lancé de couteaux.
— Tu veux
souper avec nous ?
— Je ne
voudrais pas gêner !
— Ça ne
sera pas le cas, ils te sont déjà reconnaissants de l'aide apportée.
— Alors
j'accepte.
Il est
tard quand Trowa quitte le cirque, il est bien dans peau, il a aidé à faire la
vaisselle en continuant de discuter avec tout le monde. Il a aussi préparé une
partie du matériel pour la séance de demain. Mettre les peintures dans les
ballons, des confettis dans l'autre, des paillettes, des plumes.
— Tu n'as
jamais pensé mettre des mini jouets dans certains ballons, propose Trowa le
lendemain.
Il aimait
tellement l'ambiance qu'après le travail, il était repassé directement au
cirque pour s'y replonger.
— Je ne
crois pas que ce soit une bonne idée, il y aurait des mouvements de foule pour
les récupérer.
— C'est
possible, je n'y avais pas pensé.
— Je dois
avouer que je l'avais fait au début, avec une place gratuite pour une autre
représentation et je n'ai pas renouvelé l'expérience en voyant ce que ça avait
déclenché.
— Et les
peintures, elles se vendent ?
— Parfois
des mécènes qui veulent aider plus que pour l'œuvre.
— C'est
un plus ?
— Oui,
mais quand j'en ai trop, je remets un drap sur la toile ou je relave la planche
de bois. Merci pour ton aide une nouvelle fois. Ta présence est appréciée.
— Je me
sens bien ici.
— Alors
notre porte t'est ouverte, dit-elle en souriant.
Tous les
soirs après le travail, Trowa apparaît au cirque qu'il y ait un spectacle ou
pas. Plus personne ne l'arrête pour lui demander la raison de sa présence. Il a
même trouvé sa place dans l'organisation des activités de fin de journée.
Catherine
et lui restent beaucoup ensemble. Alors qu'ils sont assis sur les marches de la
roulotte, c'est elle qui l'embrasse la première. Elle lui avait envoyé des
signaux qu'il n'avait pas eu l'air de comprendre, alors elle s'était jetée à
l'eau.
Trowa n'a
pas été réellement surpris, il l'aurait bien embrassé dès les premières
œillades. Seulement, il n'avait plus envie de s'engager dans une histoire sans
lendemain et Catherine repartait déjà dans quinze jours. Même s'il répond, cela
le perturbe. Il va devoir en parler avec elle.
Alors
qu'elle se love dans ses bras, il finit par lui poser la question :
— Et tu
vois la suite comment ?
— Je ne
sais pas. Je n'ai pas envie que ça s'arrête, je suis bien, heureuse ça fait des
années que je n'ai pas été aussi bien dans ma vie. J'attends avec impatience de
te voir arriver.
— Tu ne
vas pas quitter le cirque pour moi ?
Catherine
redresse la tête surprise par cette question qui ne lui a même pas effleuré
l'esprit.
— Le
cirque, c'est ma vie, affirme-t-elle.
— Et on
va se voir seulement de temps en temps. Je vais devoir aller te retrouver où tu
es ?
— Je n'ai
pas réfléchi à l'avenir, j'ai juste laissé parler mon cœur, on a quinze jours
pour voir où tout ça nous mène.
— Ça
t'arrive souvent ?
— Quoi ?
demande-t-elle sur la défensive.
Elle se
retire même de ses bras pour planter son regard dans celui de Trowa. Il y voit
de la colère, et il trouve que ça la rend encore plus belle.
— De
sortir avec des gars sur l'emplacement du cirque.
Elle se
lève d'un bond.
— Tu me
prends pour qui ? Non, c'est la première fois, dit-elle en croisant ses bras
sur sa poitrine menue.
Elle
fulmine avant de reporter son regard sur Trowa toujours assis sur les marches
de la roulotte.
— Si tu
crois que j'ai le temps de fréquenter des gars de passage. Tu n'es pas un
étranger non plus. J'avais déjà beaucoup d'affection pour toi la première fois
que tu as croisé mon chemin, mais tu n'avais que la guerre en tête.
Trowa
finit par se lever pour venir la retrouver. Il la prend dans ses bras en lui
disant :
— Je suis
désolé, mais j'ai eu mon compte de personnes qui se servaient de moi, je suis
devenu méfiant.
— Je le
vois, on dirait une bête traquée, on doit t'en avoir fait du mal. C'est ce
regard qui m'avait déjà attendri durant la guerre. Tu étais à la recherche de
quelque chose sans savoir quoi, tu croyais que la paix t'amènerait ce qui te
manquait. Et tu n'as pas trouvé ta paix intérieure.
— Je
n'aime pas l'image que tu as de moi, tout en sachant qu'elle est juste,
soupire-t-il.
—
J'espère t'apporter l'équilibre qu'il te manque, sourit-elle
Trowa le
souhaitait aussi, seulement voilà dans quinze jours elle s'en va. Peut-il jeter
sa vie et partir avec elle ? Il n'a pas envie de l'enfermer dans un appartement
où elle serait malheureuse. Mais lui sera-t-il heureux sur les routes ?
Il devait
y réfléchir, il ne voulait pas dépendre de Catherine non plus et s'il donnait
son préavis, il devrait encore travailler deux semaines et est-ce que ce
n'était pas prématuré comme projet ?
Malgré
cette épée de Damoclès au-dessus de leur relation, Catherine et Trowa vivaient
heureux tous les moments qu'ils pouvaient prendre. De plus en plus souvent, il
ne rentrait pas à son appartement et il restait dormir avec Catherine dans ses
bras. Il se sentait tellement bien au cirque qu'il venait à regretter de ne pas
avoir donné son préavis tout de suite.
C'est le
cœur gros que Trowa passe sa dernière nuit avec les saltimbanques. Il range,
démonte avec eux, une partie du dimanche. Le cirque partira après la dernière
représentation pour se rendre à plus de deux cents kilomètres. Trowa a déjà
regardé comment s'y rendre le week-end prochain en train. Il croit bien qu'il
va prévenir son patron et donner sa démission, il va suivre son cœur une fois
de plus.
Mais il
se donne cette quinzaine de jours, peut-être plus, il lui reste deux mois avant
de renouveler son bail. Si leur couple tient l'éloignement, alors il fera le
grand saut. Catherine lui a déjà dit qu'elle essayerait de venir entre les
séances avec la camionnette du cirque et ça lui met du baume au cœur, il a
l'impression que c'est la première personne qui partage sa vie sentimentalement
parlant qui fait cet effort ! Elle ne l'a pas encore fait, mais ça le touche.
Sally l'avait fait venir vivre près de lui, mais elle avait moins de distance à
parcourir pour le retrouver.
Après un
soupir, Trowa part vers son appartement quand la dernière caravane disparaît au
coin de la rue. Il prépare son sac pour le lendemain et se met au lit.
C'est fou
ce que la vie qui lui plaisait tellement devient insipide quand il manque
quelqu'un dans son existence. Il ne l'aurait jamais cru. Cependant, il a
l'impression que c'est bien la première fois que ça lui arrive, mais il y a un
trou dans sa vie.
Comment
a-t-elle pu devenir si importante en si peu de temps ? Il ne se l'explique pas,
même Quatre n'avait pas réussi à créer cette dépendance à l'autre. Que cette
semaine va être longue. Tout en travaillant, il réfléchit énormément. S'il
écoutait son cœur, il donnerait son préavis maintenant et le renom pour son
appartement. Il paierait le dédommagement à son patron et son bailleur. Il
préparerait ses bagages et partirait la rejoindre.
Seulement,
il doit être raisonnable, sans certitude d'être aussi important pour l'autre,
il ne peut tout envoyer sur les roses et se retrouver sans rien. Alors il ronge
son frein, espère que ses sentiments sont partagés et d'avoir trouvé celle qui
va partager sa vie jusqu'à son dernier souffle et pas que cette histoire
s'arrête à nouveau au milieu de nulle part. Une relation qui va le laisser
détruit cette fois, il croit bien qu'il a trouvé son âme sœur.
Il est
totalement surpris de trouver Catherine devant son appartement quand il rentre
jeudi soir.
— Tu me
manquais de trop. Et comme ça on fera le trajet ensemble vendredi, on doit être
arrivé à Barcelone pour la représentation de vingt heures.
Trowa ne
répond pas et se jette dans ses bras, heureux comme jamais. Il la soulève du
sol et tourne avec elle en l'embrassant. Malgré l'aménagement du cirque et tout
ce que ça implique, comme placarder des affiches, tourner avec la camionnette
pour faire de la publicité, s'approvisionner en nourriture humaine et pour les
animaux, les saltimbanques vidant les armoires pour voyager plus léger, il lui
a manqué. Dès lundi, il s'occupera de renoncer à sa vie ici proprement et
tenter l'expérience du cirque. Il ne voit pas pourquoi il ne serait pas heureux
dans cette existence. De toute façon, il serait près de la femme qu'il aime.
— Tu ne
vas pas t'ennuyer vendredi durant la journée ?
— Tu as
fini à quatorze heures. Je dormirais le matin pour récupérer et je nous
préparerai une collation pour le voyage.
— Je vois
que tu as pensé à tout, ne restons pas dehors.
En se
tenant par la main, ils montent jusqu'au troisième étage. Trowa ouvre la porte
de l'appartement et met ses clefs au crochet où il y a une clef de réserve.
— Je
prends vite une douche, fais comme chez toi.
Il est à
peine dans la douche qu'il voit à travers la vitre, Catherine qui vient le
retrouver.
Après
avoir fait leur toilette et un peu plus, ils mangent un spaghetti avec une
omelette, Trowa n'ayant pas ses armoires fort pleines. Ils discutent une bonne
partie de la soirée en préparant le déménagement, des choses qu'il garde et de
ce qu'il va devoir donner.
Il a
décidé de prévenir son patron dès cette semaine et il enverra un recommandé à
son bailleur pour lui dire qu'il ne renouvelle pas dans deux mois et que
l'appartement sera libre fin du mois, il lui laissera la caution pour le
dédommagement.
Vendredi
après-midi, il est un rien tendu en rentrant dans le bureau, mais son patron
est compréhensif vis-à-vis des raisons qu'il met en avant, il lui souhaite même
bonne chance pour sa vie future. Il a deux semaines à prester et il sera libre.
Dès le
mardi suivant, son propriétaire vient faire une inspection avant d'accepter sa
proposition, il est gagnant, l'appartement a été très bien entretenu. Il aurait
dû rendre la caution de toute façon. Il sait que son bien ne restera pas
longtemps vide. Il ne lui demande même pas de faire faire les visites. Un
meublé, les gens préfèrent le voir vide qu'avec les décorations de l'ancien
locataire.
Ce qui
est très pénible pour Trowa c'est d'être seul ici même si Catherine vient lui
rendre visite le jeudi et qu'ils partent ensemble vers l'emplacement du cirque
dès le vendredi après-midi. Catherine le reconduit pour qu'il puisse
travailler, le dimanche soir et elle passe la nuit avec lui.
Dire
qu'il doit encore faire une semaine. Après le travail, il emballe toutes ses
affaires et il se rend compte qu'il a accumulé pas mal de choses auxquels il
tient durant ses neuf années. Mais il sait également que tout ne tiendra pas
dans la roulotte de Catherine. Elle lui a pourtant dit de tout amener, car elle
voulait modifier sa décoration pour que ça devienne chez eux et non plus rien
que chez elle. Et il en est tout ému, il croit bien qu'il a toujours dû s'adapter
et s'intégrer. Il croit bien que cette fois, c'est la bonne, cette relation est
faite pour durer. Alors il fait déjà un tri et ne garde que ce à quoi il tient
réellement et un peu de ce qu'il veut bien renoncer.
Quand
Catherine vient pour la troisième fois, elle est étonnée du peu de bagages
qu'il a préparé.
— Ça doit
être encré en moi. J'ai beaucoup changé de domicile dans mon jeune âge. On
devait pouvoir bouger rapidement.
— Ta vie
de mercenaire n'est pas si loin de ma vie de saltimbanque, réaliste-t-elle.
— À
croire, sourit-il.
Il est
heureux de quitter tout ça et de redevenir plus vagabond surtout qu'il est bien
accompagné cette fois. C'est sans l'ombre d'un regret qu'il tire une croix sur
son ancienne vie. Vendredi matin, Catherine a chargé la camionnette pendant que
Trowa effectuait sa dernière journée de travail. Il glisse ses clefs dans la
boîte aux lettres et s'en va après avoir donné un coup de torchon dans le
studio.
Les deux
cents kilomètres sont avalés rapidement. Quand ils arrivent, Catherine est
happée par de petits tracas qui sont arrivés en son absence. Trowa commence
seul à vider la camionnette, il est surpris de voir que la roulotte a aussi été
vidée de certains objets preuve pour lui qu'elle lui fait réellement une place
dans sa vie et ça le touche profondément.
Seulement,
il ne veut pas s'imposer, alors il empile ses caisses dans un coin de façon
ordonnée : les bibelots en dessous, le linge de maison, ses vêtements. Puis il
regarde s'il y a de la place dans les armoires de Catherine et il sourit, il y
a un tiroir vide. Il ne sait pas si tout tiendra dedans, mais au moins il va y
mettre ce qu'il utilise le plus souvent. Il a bien vu que Catherine n'a pas
toute sa garde-robe dans son armoire, il doit y avoir un endroit pour les
vêtements d'hiver durant l'été. Elle ne peut pas toujours être habillée si
court.
Une fois
tout rangé, il cherche ses points de repère. Il veut être un membre actif de ce
cirque alors il part vers la ménagerie voir les animaux et s'ils n'ont pas
besoin qu'on change leurs litières. Il croise Carlos avec son petit singe sur
l'épaule.
—
Bienvenu Trowa, si tu cherches Catherine, elle est sous le chapiteau, un
problème d'attache de filet.
— Merci.
Il va
voir s'il peut donner un coup de main. En arrivant, il voit les hommes sur une
échelle essayer de fixer dans le bois le gros crochet qui soutient le filet qui
pend légèrement.
— Il
faudrait mieux remettre une nouvelle pièce de bois ou tout un système en métal,
propose Trowa.
— Je
sais, c'est du rafistolage. On aurait dû modifier cette poutre avant de monter
le chapiteau. Ça tiendra encore pour les séances qu'on a ici et on fera ça
convenablement au changement de lieu, sourit Catherine.
— Merci
pour la place dans tes armoires.
— C'est
la moindre des choses, dit-elle en lui passant un bras dans le dos.
— Il
faudra que tu me dises ce que je peux faire pour vous aider.
— Ne
t'inquiète pas, on te trouvera même un petit numéro. Mais pour ça, il faut
qu'on voie tes capacités et que je t'assure.
De
journée en journée, Trowa trouve ses marques dans l'organisation. Il n'avait
vécu au cirque que les jours de spectacle et en soirée. Il est heureux de
constater que les troubadours ont pas mal de loisirs en journée, une fois
l'installation finie.
Il n'a
pas encore trouvé son numéro, mais pour l'instant, il se charge de la caisse ce
qui permet à un clown de se grimer plus à son aise. Il passe une tenue de
cow-boy pour distribuer les collations durant l'entracte et ramasser les
déchets ainsi que vider les poubelles après le spectacle.
Dans les
gradins, il n'y a presque jamais de crasses, parfois un petit bout d'emballage
qui est tombé d'une poche. Les gens ont pris l'habitude de les vider dans les
emplacements prévus à cet effet en quittant le chapiteau.
Les
semaines commencent à défiler, Trowa est en plein bonheur. Ils commencent à
parler mariage, avoir des enfants. L'horloge biologique tourne aussi pour
Catherine. La vie de ville en ville avec un mois pour la visiter entre les
représentations est un rêve que Quatre lui avait fait miroiter sans jamais lui
offrir. Maintenant, il le réalise avec Catherine main dans la main.
Après
avoir visité la Terre, ils repartent dans les étoiles voir si ça pourrait
marcher et les colons sont ravis, ça n'arrive pas si souvent. Seulement dans
les colonies, ils bougent plus, il ne reste que quinze jours à une place, puis
ils changent de secteur, parfois simplement dans la colonie.
Il y a
maintenant un an que Trowa a tout quitté et c'est le paradis au quotidien.
Travailler avec la personne qu'on aime, vivre avec elle, c'est le summum du
bonheur.
Arrivé
sur L2, ils décident de se marier, ils veulent des enfants, mais aussi faire
les choses dans l'ordre.
— Je vais
aller à la mairie pour connaître les formalités ici, propose Trowa, une fois le
cirque installé.
Catherine
l'embrasse, lui met une main aux fesses et lui sourit. Elle aurait bien fait un
petit mariage entre eux, mais il leur faut quand même des documents pour
prouver leurs légitimités. Ils vont encore devoir se renseigner pour trouver un
prêtre ou un juge pour les marier.
Trowa
revient une heure et demie plus tard avec une série de documents et de
démarches à effectuer. Si en Europe, il y a une publication des bans dans
certains pays. Ici, il faut une prise de sang pour prouver qu'ils n'ont pas de
lien de parenté, c'est vrai que L2 dépend des États-Unis, ils y ont les mêmes
règles.
Dès le
lendemain, ils vont faire cette formalité. Dès que c'est fait, Catherine
commence à chercher une robe pour la cérémonie. Trowa est chargé de trouver un
prêtre qui puisse les marier sous le chapiteau.
Quand on
vit ensemble et dans un si petit espace, ce n'est pas facile de cacher quelque
chose à son partenaire. Catherine décide de mettre sa robe une fois trouvée
chez une autre saltimbanque, elle s'habillera chez elle également avant le
grand jour.
Ils sont
sur un petit nuage. Qu'est-ce qui pourrait mettre un frein à leur bonheur ? Ils
s'entendent à merveille, le cirque fonctionne bien. Si Trowa n'a pas encore
trouvé le numéro qu'il veut faire, tenir la caisse lui convient et le reste
aussi. Il est bien dans sa vie et même mieux qu'à l'époque où il était
jardinier.
Ils ne
sont plus qu'à trois jours du mariage, dans quatre ils changent de secteur
quand le courrier arrive. Pour eux c'est une simple formalité. Catherine déplie
le sien pour le mettre avec les documents à présenter au juge quand un détail
attire son attention. Il y a un grand refus de mariage pour cause de fratrie.
Catherine
sent son estomac se soulever
— Quelle
horreur ! lâche-t-elle.
Elle
court jusqu'aux commodités et vomit l'entièreté de son ventre.
Bien sûr
qu'elle se rappelle ce petit frère perdu dans l'accident qui a coûté la vie à
ses parents. Bien sûr qu'elle l'a recherché tout un temps. Bien sûr qu'elle
aurait aimé le retrouver, mais pas comme ça.
— J'ai
couché avec mon frère, articule-t-elle avant de mettre à nouveau sa tête
au-dessus de la cuvette.
Cette
constatation est bien pire pour elle que la joie des retrouvailles. Comment
va-t-elle encore pouvoir le regarder en face ?
Trowa
entre dans la pièce et s'inquiète de la voir ainsi :
— Chérie
?
— Ne
m'appelle plus ainsi.
— Mais
pourquoi ?
—
Tire-toi, tire-toi, tu es mon frère.
Pour
Trowa le monde s'arrête de tourner. Il ne savait même pas qu'il avait une sœur
ou de la famille, mais ce qui lui fait le plus mal, c'est le rejet. Alors il
sort de la roulotte et s'en va sans se retourner. Comment tout ce bonheur peut
avoir basculé en si peu de temps ? Comment la haine peut avoir remplacé l'amour
? Quand trouvera-t-il le bonheur ?
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