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près de toi 2
Vendredi, le serveur est morose, il sait que sa
dulcinée repart là-bas dans son pays lointain. Il ne la refera plus, même s’il
lui prend l’envie d’aller au Canada, il est presque certain qu’il ne la
retrouvera pas.
Il a fait le con, il aurait dû lui demander son nom,
lui marquer encore plus d’intérêt. D’un autre côté, il était sur son lieu de
travail avec un contrat comprenant certaines clauses qu’il avait signé.
C’est morose qu’il circule entre les tables. On voit
que beaucoup de personnes sont sur le départ, ils flânent moins. Les enfants
font du cuistax pour ne pas gêner les parents pendant qu’ils relavent
l’appartement ou préparent les bagages.
Il y a également plus de tête qui lui sont inconnue,
des gens qui attentent pour prendre possession de leurs locations, ceux-là ont
l’air moins stressés, ils savourent les premières minutes de vacances.
Il est dix heures trente, il rentre avec son plateau
après avoir pris une commande. Il voit au loin sa belle qui tire sa valise à
roulettes. C’est vrai que le restaurant est sur le trajet de la gare, si on
décide de passer par la digue mais c’est un détour. Pourtant, il y a quand même
pas mal de touristes qui le font pour regarder une dernière fois la mer.
Qu’est-ce qu’il fait ? Comme elle lui fait signe,
il dépose son plateau et va vers elle.
« Je souhaitais vous dire au revoir, vous avez
rendu mon séjour ici plus agréable une fois que mon amie a dû rentrer chez elle
à cause du décès de son père.
— C’était avec plaisir. Et vous lui souhaiterez bien
du courage.
— Voilà, c’est mon adresse mail. Je dois y aller, je
vais rater mon train.
— Bon voyage. Je vous envoie un mail d’ici une
quinzaine de jours quand je rentre chez moi », dit-il.
En la voyant froncer des sourcils alors qu’elle
s’éloigne déjà, il ajoute en haussant la voix.
« C’est un job de vacances, pas mon
emploi. »
Il voit de la compréhension dans son regard, elle
secoue la main et disparaît de sa vue par une artère transversale.
Avec un soupir, il range rapidement le papier dans
son portefeuille après avoir lu le nom. Il sourit, ce n’est pas encore
aujourd’hui qu’il saura son prénom. Il doute qu’elle s’appelle Angelordemon.
Il savait que des paris avaient été pris pour savoir
s’il aurait d’autres coups de cœur pour une cliente, seulement, il n’était pas
comme ça.
Quinze jours s’étaient écoulés, après avoir dit au
revoir à Nicole, le patron et le serveur en chef, Gabriel et Mathias s’en vont.
Fini, le job de vacances, l’argent sera versé prochainement sur leur compte.
Les deux amis montent dans le même train. Ils en
descendent ensemble à Gand Saint-Pierre pour en prendre deux différents. Ils
ont échangé aussi leurs adresses mails et Facebook pour garder le contact.
Arrivé chez lui, Gabriel embrasse d’abord sa mère,
il y a un mois qu’il ne l’a pas vue, elle lui a manqué atrocement. Puis il met
son linge sale dans la buanderie et enclenche une machine quand il constate
qu’il y a assez de vêtements pour en faire une après l’avoir trié par couleur,
comme on lui a appris.
Seulement, après ça, il peut se permettre d’ouvrir
son ordinateur, il n’avait pas voulu le prendre avec lui. C’était son outil de
travail, il lui sera nécessaire pour suivre les cours et son job de vacances
servait à payer son kot pas un nouveau portable parce qu’il avait été stupide.
Il ne savait pas où il logerait en partant. Il avait encore un vieux GSM sans
connexion internet qui lui était amplement suffisant à ses yeux.
Un peu nerveusement, il rédige son mail. En objet,
il inscrit : c’est Gabriel. Puis il complète le corps de son mail par des
banalités d’usages pour s'informer sur son voyage de retour s’était bien passé.
Comment est la vie au Canada parce qu’il n’avait pas réellement eu le temps de
discuter pendant que lui travaillait. Timidement, il conclut son courrier en
lui demandant son prénom pour ne pas l’appeler Angelordémon.
De suite après, il ajoute Mathias dans ses contacts
Facebook puis il ferme son ordinateur. Dans trois jours, il doit se rendre à
Liège pour prendre possession de son kot, il doit préparer ce qu’il veut avoir
avec lui.
Il doit avouer également qu’il a envie de rester un
peu de temps avec sa famille avant de partir pour un autre type d’aventure.
Après avoir passé une soirée avec les siens en
réalisant des jeux de société, Gabriel allume son ordinateur, il veut savoir si
sa Canadienne lui a répondu.
Il sourit comme un damné en voyant que oui, il a un
mail d’elle. Il le dévore, heureux qu’elle veuille garder le contact avec lui.
Même si c’était elle qui était au départ de cette initiative. Après quinze jours,
elle aurait pu changer d’idée, ne plus penser à lui ou regretter de lui avoir
donné son adresse mail.
Même s’il n’y a pas grand-chose dedans à part des
généralités, il sourit en voyant la dernière phrase.
Oui,
mes parents auraient été très méchants s’ils m’avaient réellement appelé
Angelordemon, non mon prénom c’est tout simplement Roxane, rien à voir.
Il regarde à quel moment elle a répondu, il y a
seulement une heure, il ne va pas la harceler, il répondra avant de couper son
ordinateur.
Il discute avec des amis pendant une petite heure
avant d’écrire à Roxane. Maintenant, il tient à se coucher et dormir, il a
beaucoup d’heures de sommeil à récupérer s’il veut être en forme pour commencer
sa nouvelle vie d’étudiant studieux.
Quand il se lève vers dix heures, il fait un peu de
ménage dans sa chambre et la maison. Il dépend la machine que sa mère a mise à
sécher hier.
En préparant ses bagages, il fait une liste de
toutes les choses qu’il doit encore acheter de manière à pouvoir s’installer
convenablement.
Tous les jours, Gabriel envoie un mail à Roxane, il
lui pose des questions sur la vie au Canada. Est-ce que les hivers sont si
rudes qu’on le dit ? Il apprend ainsi qu’il y a des centres commerciaux
souterrains pour ne pas affronter les dangers de la route, tout se fait sous
terre.
Dimanche, il est heureux que son père lui consacre
un peu de temps sur son seul jour de congé puisqu’il se propose souvent pour
terminer des travaux le samedi de manière à faire rentrer plus d’argent. Tous
les deux descendent sur Liège pour installer Gabriel dans son kot.
C’est une simple chambre avec des parties communes
comprenant la salle de bain et la cuisine. Il ne connaît pas encore les autres
étudiants qui vont partager sa vie. Il est le premier à venir.
Les cours ne commencent que mardi, seulement son
père n’aura pas le temps un autre jour pour lui amener le plus gros de ses
bagages, casseroles, draps, couvertures, nourriture qui lui sera nécessaire
pour commencer l’année.
Quand il reviendra le week-end, il n’aura que son
linge à prendre avec lui plus son ordinateur qui ne va pas laisser là.
Une fois que tout est en place, son père l’entraîne
vers un restaurant près de son immeuble. Ils y manger presque en silence, son
papa n’a jamais été un bavard, il préfère les actes.
Le repas fini, Gabriel le reconduit à sa
camionnette.
« Travaille bien et ne fais pas trop le fou.
— Non, papa, je tiens à avoir mon diplôme
rapidement. »
Seul dans son kot, Gabriel soupire. Il ouvre son
ordinateur pour voir s’il a reçu un mail de Roxane et faire un petit tour sur
les réseaux sociaux. Il n’y restera pas longtemps, il préfère de loin lire un
bon livre.
Il sourit en voyant qu’elle lui a répondu, il
commencer à oser lui poser des questions plus intimes. C’est comme ça qu’il
apprend qu’elle va aussi suivre des études pour devenir pharmacienne.
Il soupire en se disant qu’ils avaient beaucoup de
points communs. Ils aiment le même genre de film, la même nourriture, la
lecture tous les deux et maintenant ils vont faire les mêmes études, c’était
tellement dommage qu’autant de kilomètres les séparent.
C’est un peu triste qu’il s’installe dans son lit
avec son roman. Demain, il fera un tour dans le quartier pour repérer les
magasins. Il faut qu’il sache où il va faire ses courses, il ne va pas se rendre
tous les jours au restaurant, même fast food, il n’en aurait pas les moyens
avec les vingt euros que ses parents lui donnent pour sa semaine.
Comme il se l’était promis, le lendemain, il fait le
tour du quartier, il a trouvé un petit magasin qui fait de bons prix, ses
courses ne devraient pas lui revenir trop chères.
Début
d’après-midi, les autres étudiants arrivent en se présentant. Il découvre qu’il
y a un autre élève en pharmacie qui sera également en première, ce qui peut
être utile si l’un ou l’autre est malade. Ils seront trois garçons à cet étage
de cet immeuble. Les filles sont installées dans un autre bâtiment pas très
loin.
La soirée est déjà plus agréable que seul, avec le
temps ils apprendront à connaître les autres locataires des autres étages quand
ils les rencontreront dans les escaliers.
Avec Jean, l’autre étudiant en pharmacie, il se rend
à la faculté pour suivre le premier cours et recevoir son horaire. Même si son
camarade aurait souhaité s’installer dans les pupitres du haut, Gabriel préfère
de loin rester vers le centre pour ne pas se laisser trop facilement
déconcentrer.
Jean monte plus haut dans les gradins, ils se
retrouveront plus tard. Gabriel en profite pour regarder les autres élèves qui
rentrent dans l’amphithéâtre quand son cœur manque un battement.
Ce n’est pas possible, il doit rêver. Il se lève et
se dirige vers la jeune femme qui vient de s’installer dans les premiers bancs,
là où il reste encore de la place.
« Roxane ?
— Gabriel ?
— Qu’est-ce que tu fais là, dirent-ils en même
temps.
— Je viens suivre mes études ici, répond-il.
— Moi aussi, réplique-t-elle avec son charmant
accent.
— Installez-vous, les explications vont
commencer », dit un homme dans les cinquante ans en entrant.
Gabriel remonte rapidement à sa place où il avait
laissé toutes ses affaires, il résoudrait cette énigme après les informations
qui s’annoncent.
L’homme explique qu’il est le préfet de cette
université et le déroulement des cours, le règlement de l’école avant de faire
passer une photocopie avec l’horaire et les lieux des cours.
Le premier se donnera cet après-midi d’après ce
qu’on vient de dire. Il va avoir le temps d’obtenir sa discussion avec Roxane.
Dès qu’on les libère, Gabriel se précipite vers son
amour de vacances pour lui proposer d’aller boire un café.
Elle accepte, ravie.
En sortant de l’amphithéâtre, Gabriel regarde à
droite, puis à gauche, il ne connaît pas grand-chose dans ce coin, son immeuble
se situant à près de deux kilomètres de là.
« On peut aller au Sablon, c’est tout près, dit-elle.
— D’accord, tu as l’air de bien connaître le
coin », dit-il en lui emboîtant le pas.
Elle vient de prendre dans une petite ruelle pour se
retrouver dans une grande artère.
« Je vis ici depuis deux ans maintenant. Voilà,
c’est là. »
C’est un café rustique qui fait aussi la petite
restauration. Ils s’installent à une table près de la fenêtre. C’est une fois
assis qu’il réalise qu’il a complètement oublié Jean, il faudra qu’il s’excuse
tout à l’heure en rentrant au kot.
Il commande un coca et elle prend une limonade.
« Tu habites Liège depuis deux ans ?
s’étonne Gabriel.
— Même si mon accent ne le dit pas, je suis Belge,
mon père est enseignant ici à l’université de Liège. Seulement, on vient de
revenir après avoir vécu quinze ans au Canada où mon père enseignait la
physique, dit-elle.
— Moi qui pensais que tu repartais de l’autre côté
de la planète, qu’on ne pourrait plus jamais se revoir !
— Moi, que tu habitais Coxyde jusqu’à ce qu’on se
dise au revoir », sourit-elle.
Un silence un peu gênant s’installe entre eux, ils
ne savent plus trop quoi se dire.
« Et ça n’a pas été trop pénible de venir
ici ? demande Gabriel avant de tremper ses lèvres dans sa boisson.
— Un peu, toutes mes amies sont là-bas. Mais je m'en
suis fait des nouvelles. Le contrat de mon père était fini, on lui en proposait
un nouveau à Liège. Lui, ses parents lui manquaient comme à ma mère, alors mon
petit frère et moi, on n’a pas eu le choix, on a dû les suivre.
— Tu crois que tu vas retourner là-bas ?
— Je ne crois pas, mon diplôme ne me servira pas au
Canada, j’aurai trop de démarches à faire pour qu’il soit certifié conforme à
leur législation. Puis toute ma famille est en Belgique.
— Égoïstement, ça me fait plaisir, on va pouvoir
apprendre à mieux se connaître, sourit Gabriel.
— J’étais déjà heureuse avec notre correspondance,
mais là c’est encore mieux. Tu m’avais attiré mais tu n’avais pas l’air
intéressé, dit-elle en rougissant.
— Si beaucoup, mes collègues me taquinaient à cause
de toi, même mon patron me prévenait quand tu arrivais », lâche-t-il.
Elle s’avance pour l’embrasser. Gabriel sent son
cœur exploser de joie. Dire qu’il rêvait d’elle toutes les nuits et que
maintenant il avait la possibilité d’avoir un avenir ensemble. Le destin
parfois peut jouer des tours, mais il est heureux de celui-là.
Fin
Si ça vous a plus, il reste l'option
Fin d’écriture, le 23/11/2017