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Disclaimer
:
Ils sont à Tokita/Yadate/Tomino je les emprunte et j'essaye
de ne pas les abîmer, en tout cas, ils ne se sont encore jamais
plaints. Les
autres personnages ne faisant pas partie de l'univers de GW sont ma
propriété.
Genre
:
Tranche de vie. Séquelle « Malade
de toi »
Bêta
lectrice :
Tenshimizu
Lectrice
01 :
Arlia Eien.
Acteurs
:
Heero, Duo, Wufei, Sally, Hilde, Quatre, Relena, Dorothy,
Trowa.
Note
de l'auteur : Pour
Mimi Yuy
et Arlia Eien, elles savent pourquoi. ^_^
Comme
un hic
Lundi
20 février AC 204
Heero
venait de partir pour son travail à Média Com et maintenant Duo allait
commencer à angoisser, même s'il avait l'habitude de cette attente des
résultats d'examens, qui s'était renouvelée huit fois en quatre ans.
Celle-ci
était particulière, même si les contrôles ne cesseront jamais, il
allait
peut-être entrer en rémission.
Mais
Maxwell n'arrivait pas à penser que ça puisse être possible. Le bonheur
avait
toujours été de courte durée et depuis qu'il vivait avec Heero, il ne
cessait
de se prolonger.
Duo
avait déjà fait cette réflexion à son homme, il y a trois ans, quand il
avait
été invité aux fiançailles de Trowa et Relena. Pragmatique comme
toujours son
compagnon lui avait répondu.
-«
Tout à une fin, le bonheur comme le malheur. Tu dois être arrivé à la
fin de ta
période malheureuse. »
-«
Si tout a une fin, c'est bien la preuve qu'un jour ou l'autre, je vais
encore
me prendre quelque chose dans la gueule. »
Là,
Yuy n'avait pas trouvé la parade, n'avait pas trouvé l'argument qui
pourrait
rassurer son amant à part :
-«
Je serai là pour t'aider. »
Mais
si c'était son homme qui était touché comment pourrait-il l'aider ?
Parce qu'en
plus Duo devait admettre qu'il n'est pas le seul à bénéficier de tout
ce
bonheur, parfois trop irréel.
Quatre
avait un héritier depuis deux ans, Maxwell se souvient du faire-part de
naissance arrivé par courrier.
Monsieur
Quatre Raberba Winner et Madame Dorothy Catalonia-Raberba Winner
Ont
le plaisir de vous annoncer la naissance de leur premier né.
Cinq
Raberba Winner
Né
le 5 mai à 5h55 à la résidence Winner.
Il
pèse 3kg310 et mesure 50 cm.
Maxwell
avait ouvert des yeux aussi ronds que la Terre et avait attrapé son
téléphone
pour l'engueuler.
-«
Tu ne peux pas faire ça à un enfant ! Tu veux qu'on se moque de lui
toute sa
vie ? »
-«
Je porte bien le prénom Quatre, ça ne m'a jamais gêné et toi c'est Duo,
tu vis
bien avec lui. » Rétorque Winner, le bébé dans les bras.
-«
Oui mais tu n'aimes pas ton fils que tu lui mets un handicap de plus
que la
célébrité, la richesse. Quoique non tu as raison, ça va rééquilibrer le
tout. »
Le
rire clair de son ami s'élève dans le téléphone.
-«
Tu auras le bon faire-part dans la semaine. J'ai eu envie de te faire
une
blague surtout quand j'ai vu tous les 5 qu'il y avait dans sa date de
naissance
qui eux sont vrais. » Rit toujours Quatre.
-«
Tu m'as bien eu, je l'admets. Alors ta petite merveille, il s'appelle
comment ?
»
-«
Kaleb »
-«
Je trouve ça nettement mieux. »
-«
J'espère que vous passerez prochainement pour faire sa connaissance. »
-«
On va trouver une date avec Heero. »
µµµ
C'est
vrai aussi que Duo pourrait dire que tout n'est pas rose dans sa vie,
ça le
rassurait même s'il aurait préféré être la victime des coups du sort,
que de
voir ses amis souffrir.
Hilde
essayait d'avoir un deuxième enfant depuis que An avait dix-huit mois,
elle
avait fait déjà quatre fausse-couches, toujours dans le courant du
quatrième
mois. La jeune femme ressortait de l'épreuve toujours plus brisée.
Maxwell
essayait de la soutenir comme il pouvait mais il y avait la distance.
Quand ils
se rendaient sur le satellite preventer tous les mois, Duo ne trouvait
pas bon
pour son filleul qu'il voit sa mère en larmes dans ses bras. Mais cette
dernière était soulagée de pouvoir pleurer un moment sur une épaule
compatissante pendant qu'Heero était ravi de pouponner et jouer avec le
petit
garçon. Après ils partaient, tous les quatre, pour une randonnée où les
larmes
n'avaient plus leur place.
Wufei
commençait à trouver son envie d'un deuxième enfant contraignante. À
chaque
fausse-couche, il y avait eu trois jours d'hospitalisation et le papa
se retrouvait avec le charge de son fils. Duo aussi
commençait à paniquer, parce qu'un jour son amie pourrait rester dans
une
hémorragie plus importante. Le désir d'enfant, il ne l'avait jamais
compris, même
si s'occuper d'eux de temps à autre, il appréciait.
µµµ
En
regardant en arrière, en voyant sa vie sans nuage noir depuis aussi
longtemps -
il y avait bien des gris de temps à autres - Duo ne pouvait que se
tracasser
pour son avenir. Ses moments de bonheur avaient toujours été suivis par
une
longue période douloureuse.
Son
enfance près de Solo, il la qualifierait d'heureuse. Certains
crieraient au
scandale parce que fouiller les poubelles, faire la manche, ne pas
toujours
manger à sa faim puisse être catalogué de positif. Seulement, Duo se
souvenait
surtout des soirées près de Solo, du partage du surplus de nourriture.
Des
moments où l'adolescent leur racontait des histoires sur certaines
familles où
les
enfants devaient travailler toute la journée pour avoir le droit de
manger au
soir, où on les battait parce qu'ils étaient simplement nés. En
écoutant Solo,
il avait l'impression de vivre au paradis puis le groupe avait chuté en
enfer
quand Solo, leur protecteur était mort de la grippe noire amenant avec
lui une
partie des aînés.
Il
y avait eu la bagarre pour maintenir un train de vie, faire semblant de
sourire
pour porter les autres en avant et honorer la mémoire de Solo. Il avait
découvert que la vie en groupe n'était pas aussi idyllique que Solo la
racontait. Duo ne saurait pas dire si c'est la période la plus noire de
sa vie,
mais elle est certainement celle de sa prise de conscience de la dureté
de la
vie, que le bonheur n'était pas constant, que tout se payait.
Et
puis il y avait eu son existence dans l'enceinte de l'Eglise Maxwell,
le
plaisir de ne plus porter les autres. Les plus jeunes ne se rappelaient
pas des
histoires de Solo, lui bien, il n'avait pas envie de quitter les
ecclésiastiques pour subir des remontrances, alors il faisait tout pour
qu'on
le ramène chez lui.
Sœur
Hélène ne comprenait pas qu'on ne voulait pas de lui, il était si
serviable,
attentif quand il l'aidait au moment où elle rendait visite à des
malades ou
quand l'Eglise se transformait en hôpital de campagne. Duo n'avait
jamais osé
lui avouer que c'était l'orphelinat son foyer, sa base, on pouvait lui
parler
du paradis s'il allait ailleurs, lui il y vivait.
-«
Patron ! »
Maxwell
cligne plusieurs fois des paupières, surpris de se trouver assis à son
bureau
d'Allnonsense. Il tourne la tête pour regarder Bertrand dans
l'encadrement de
la porte du hangar.
-«
Je viens de rentrer une carcasse pour avoir un carburateur. Tu peux
démonter le
reste ? »
-«
J'arrive. »
Maxwell
regarde sa montre, il est presque dix heures, il n'a encore rien fait.
Il le
fera tout à l'heure, il y a assez de commandes en attente pour se
permettre de
n'ouvrir sa boite mail que plus tard dans la journée.
Andy
avait pris les fax en arrivant au travail. Après un an de contrat, ils
avaient
fini par virer Joé qui ne savait que préparer des commandes, il lui
restait des
lacunes qui handicapaient toute l'équipe.
C'est
Heero qui avait fini par insister pour renouveler l'équipe de travail.
Ils
avaient eu plusieurs hommes envoyés par la société intérimaire. Depuis
deux ans
maintenant
Andy avait son contrat, il leur avait été présenté par Alicia. Elle
faisait
toujours des ménages mais avait quitté la bande pour vivre avec le
jeune homme.
Arrivé
près du morceau de navette à démonter, Duo enlève son alliance de son
annulaire, il ôte sa maille chaînette de son cou, enfile son alliance
dans le
collier, elle vient s'arrêter sur le petit Wing doré, puis il repasse
le tout à
son cou, il soulève sa tresse qui lui arrive à hauteur d'omoplate, elle
était
moins épaisse qu'avant sa maladie et au-delà de cette longueur ses
cheveux
s'abîment plus vite. Au moins avec cette coiffure, il se reconnaît dans
la
glace même s'il ne sent plus sa natte lui caresser les reins.
Tout
en démontant de façon mécanique, en mettant les pièces intactes dans la
caisse
de gauche et les pièces abîmées dans la caisse de droite, Duo laisse
son esprit
repartir vers le passé.
C'est
pour ne pas perdre son foyer, un ersatz de ce qu'il vivait avec Solo et
la
bande qu'il avait été voler ce camion et l'armure. Est-ce qu'il était
responsable de leur mort ? Il en était certain. Est-ce que ses parents
lui en
voulaient ? Ça il sait que non, c'est aussi pour ça que malgré la
douleur
immense de perdre une nouvelle fois sa stabilité, il avait pu se
relever pour
repartir. Il se savait aimé de ses parents, ils lui avaient rappelé
tout leur
amour, comme Solo lui avait dit juste avant de mourir.
Malgré
son deuil récent, il était descendu dans son ancien quartier pour
tenter de
reconstruire ce qu'il avait connu, retrouve la sécurité d'antan. Mais à
neuf
ans, Duo devait se rendre à l'évidence, il ne pouvait plus se faire
intégrer en
créant la sympathie.
Non,
s'il voulait survivre, c'est à la tête de la bande qu'il devait se
mettre.
Est-ce qu'il pouvait qualifier toute cette période de sa vie qui avait
duré
trois ans d'heureuse ? Non, bien sûr que non. Il devait continuellement
s'imposer, user du couteau pour garder sa place de leader. Il avait
fini par
diriger avec un second, parce qu'à deux, on est bien plus forts, mais
Rodrigo
savait très bien qu'il n'était qu'un sous fifre. Au corps à corps,
Maxwell le
massacrait, il était plus fort, plus intelligent qu'eux tous en
particulier,
cependant s'ils avaient eu le courage ou l'intelligence de se soulever,
il se
serait fait tuer sur place. Sa vie était un combat au quotidien pour
survivre.
Est-ce
que sa vie chez les Sweepers était un moment de bonheur ? Il dirait non
également, c'est vrai qu'il avait des instants plaisants, il avait
énormément
appris en mécanique. G lui avait apporté d'autres choses qui lui
servaient
encore à l'heure actuelle, comme la stratégie, la discipline, les
sciences, les
maths. Ses années avaient été profitables, lui avaient donné l'occasion
de
voyager, de se rendre compte qu'il aimait L2, qu'il voulait la paix
pour L2,
mais pas au détriment des autres peuples.
La
guerre lui avait apporté une chose derrière laquelle il courait depuis
le décès
des Ecclésiastiques : Une famille. Pas une famille dans le sens : papa,
maman
et les enfants, mais dans le sens soudée dans l'adversité. Même s'il ne
laisserait jamais tomber la bande sans raison, s'il devait un jour
choisir
entre sa famille et la bande, il n'y avait pas photo. Il choisirait ses
amis,
ses frères d'armes. Plus qu'une famille, la guerre lui avait aussi
apporté la
stabilité, c'est certain qu'elle n'était pas arrivée sans douleur, mais
elle
était là et parfois un peu trop constante.
Et
c'est aussi pour ça que Duo angoissait. Cinq ans sans qu'une tuile ne
lui tombe
dessus, une tuile qui vous fait paniquer, qui vous oblige à vous battre
pour
vous en sortir.
Tout
ce bonheur commençait vraiment à le stresser, il essayait de le cacher
à Heero.
Mais une commande un peu plus étrange, un courrier manuel lui mettait
les nerfs
à fleur de peau se demandant ce qui pourrait avoir dedans pour faire
basculer
son château de cartes.
Et
ce qui lui faisait le plus peur, c'est que cette fois ce soit Heero qui
puisse
tomber malade. Là il est onze heures et Sally ne lui a toujours pas
sonné pour
lui
donner les résultats des derniers examens faits en commun.
Et
il y a aussi mercredi prochain qui arrive à grands pas, Heero doit se
rendre à
Sank pour le bilan annuel des filières de Média com, il devrait
peut-être lui
demander d'annuler, on ne sait jamais, qu'il y ait un problème avec une
navette.
À
midi, Maxwell préfère encore rester actif que de prendre sa demi-heure
de table
avec ses deux ouvriers. Andy jette des regards vers Bertrand, mais
celui-ci
hausse les épaules et lui fait signe de continuer son travail. Il y a
des
périodes où son patron est plus nerveux, il ne va pas en faire toute
une
histoire. Quand Heero reviendra de son travail du matin, les choses
rentreront
dans l'ordre.
µµµ
À
treize heures moins cinq, quand Heero pousse la porte de Allnonsense,
il s'étonne
de
trouver les deux ouvriers toujours en pause de midi et que son
compagnon ne les
accompagne pas.
-«
Sally n'a pas sonné ? » Questionne Yuy en déposant son attaché-case
dans le
hall privé.
-«
Non Heero, et Duo a démonté toute l'avant midi, j'ai fait la clientèle
et le
téléphone. » Précise Bertrand en rangeant sa boite à tartines dans son
sac.
-«
Vous ne croyiez pas que vous exagérez pour la pause de midi ! » Lâche
le brun
en voyant qu'Andy referme son thermos.
-«
On l'a commencée à midi trente, j'espérais qu'en patientant Duo finisse
par
la
prendre avec nous. » Rectifie Vansbider.
-«
Tu continueras à t'occuper du téléphone et de la clientèle ? » Demande
Yuy.
Son
homme ne pouvait pas continuer à fonctionner sans manger.
-«
Pas de problème Heero. » Répond l'ouvrier en se levant pour se remettre
au
travail, Andy lui emboîte le pas.
Même
si le jeune homme de vingt-trois ans était bourré de talents et de
capacités,
Andy
préférait se fondre dans la masse et exécuter. Heero se demandait
parfois si ce
n'était pas une caractéristique de L2. Moins tu te fais remarquer,
moins tu as
des problèmes.
Yuy
monte se changer pendant que l'eau chauffe pour préparer une soupe
minute.
Quand il redescend, il sort les tartines de son compagnon du frigo, lui
prépare
une soupe cerfeuil et se rend dans le bureau pour aller au hangar et
chercher
son amant. Il a un moment d'arrêt quand il constate que l'ordinateur de
Duo
n'est pas allumé.
Avec
un léger soupir, il l'enclenche, il allumera le sien juste après.
Qu'est-ce que
son homme avait fait depuis qu'il était parti au travail ? Démonter
seulement,
certainement pas, il commençait toujours par le bureau les autres jours.
Heero
n'en pouvait plus de voir son compagnon se ronger les ongles à la
moindre
contrariété, il avait tellement peur qu'un malheur arrive qu'il n'osait
même
plus profiter du bonheur.
Debout
à la rambarde, Heero regarde Duo s'activer sans un sourire sur les
lèvres, il
travaille comme un robot sans aucun plaisir, c'est certain.
-«
Duo ! » Crie-t-il pour attirer son attention.
Ce
dernier relève la tête surpris de le voir là, il regarde son montre.
Yuy voit
les traits de son compagnon se tordre, l'angoisse s'inscrire sur son
visage. Le
cœur du métis se brise devant tant de détresse, il n'a même plus l'air
soulagé
de le voir rentrer, sa présence n'est plus suffisante pour le rassurer.
Heero
le voit venir à lui de plus en plus lentement comme s'il voulait
repousser
l'instant d'apprendre une mauvaise nouvelle.
-«
Sally t'a appelé ? » Questionne Maxwell quand il arrive en-dessous des
escaliers.
-«
Non, pas encore. »
À la
réponse, il voit le visage de son amant s'assombrir encore plus si
c'est
possible.
-«
Ce n'est vraiment pas bon signe. » Murmure-t-il.
Voyant
qu'ils sont arrivés dans le hall, Yuy referme la porte sur eux pour les
isoler
du commerce. Maxwell regarde la porte avant de se retourner lentement
vers son
amant, il sursaute en constatant qu'il y a deux orbites bleues fixées
sur lui
noires de colère contenue.
-« Maintenant tu arrêtes ! Tu es en train de détruire tout seul tout ce que tu as construit. Tu angoisses, tu n'oses plus rien faire par peur du retour de manivelle. Ça devient invivable, si tu ne te ressaisis pas qu'est-ce qui va se passer ? Dans trois mois, tu vas me maintenir enfermé ici pour me protéger ? » Gronde Heero en essayant de ne pas hurler.
Le
but n'est pas de
s'engueuler
mais de progresser, de lui faire retrouver la raison. En
voyant son amant rougir et fuir son regard, Heero réalise qu'il est
peut-être
déjà trop tard.
-«
Ce n'est pas vrai, tu y as pensé. » S'indigne dans un murmure Yuy.
Comme
Maxwell ne dit rien et garde le regard baissé, le métis lui prend le
menton
entre le pouce et l'index qu'il le regarde. Insistant du regard pour
avoir une
réponse, alors que Duo cherche à esquiver, il finit par soupirer et
murmurer.
-«
Je voulais te demander de ne pas aller à ta réunion à Sank. »
-«
Duo, je ne peux pas vivre comme ça. À trop craindre un malheur, c'est
toi qui
va le construire, le créer. Je croyais que tu avais dit qu'ensemble on
pouvait
déplacer des montagnes. Quoi qu'il arrive, on le surmontera, mais la
vie n'est
pas faite que de catastrophes. On a assez payé dans le passé pour
pouvoir vivre
en paix et profiter de la vie. C'est certain qu'il y aura des hauts et
des bas.
Duo pour moi, là on est dans un bas. Où est passé le jeune homme
optimiste qui
m'a fait craquer ? Où est passé l'homme courageux qui affrontait la vie
à la
place de la craindre ? Tu te perds Duo. »
Entendant
le téléphone sonner, Yuy laisse son homme en plan.
-« J'y vais Bertrand. Allô ! Allnonsense, Yuy à l'appareil. Ah Sally, ce n'est pas trop tôt, tu vas finir par lui faire faire une crise cardiaque. » Lâche Heero qui n'arrive pas à se calmer vraiment.
Il se
rend dans la partie privée
avec
l'appareil et il met le haut-parleur.
-«
J'ai attendu que tu sois rentré, c'est mieux. » Admet le médecin.
Quand
Maxwell entend la réponse de la femme, il devient blanc comme un mort.
Heero
finit par se demander si son compagnon n'avait pas raison de craindre
le pire,
la voix de Sally n'a rien d'engageant, ni messagère de bonnes nouvelles.
-«
On t'écoute. »
-«
Vous n'avez rien, aucun des deux. Duo considère-toi en rémission, tu
finis ta
boite de Tamoxifen puis tu arrêtes. » Répond Sally toujours de la même
voix.
Maxwell
prend le téléphone des mains de son compagnon.
-«
Pour nous mais les autres ? » Questionne-t-il en serrant la main
d'Heero dans
l'attente de la suite.
-«
Wufei a un cancer de la prostate. Ce serait une des raisons pour
lesquelles
Hilde a fait autant de fausse-couches. Et j'ai une petite grosseur au
sein.
Mais j'ai bon espoir, ton cas m'a prouvé qu'on pouvait s'en sortir
quand
c'était pris à temps, ça fait des miracles le moral. » Rassure le
médecin.
-«
Je suis content pour Hilde, une fois que Wufei sera soigné, elle pourra
avoir
son deuxième enfant. » Dit soulagé Maxwell.
-«
Non, il va être stérile, mais il va s'en sortir. Vous serez autour de
lui comme
ils ont été autour de toi. » Précise confiante le médecin.
Heero
reprend le cornet à son homme qui reste la bouche ouverte, trop surpris
par ce
qu'il vient d'entendre et le coup que ça vient de lui infliger.
-«
Sally, si tu as besoin de moi, tu le dis. »
-«
Je n'y manquerai pas Heero, mais je suis soutenue par toute l'équipe. »
Yuy
raccroche et se tourne vers son amant. Il retient le : « Tu vois qu'il
n'est
rien arrivé. » En voyant que Duo ne réagit toujours pas.
Il
sait qu'il n'y a plus d'amour entre eux, ni respect, pourtant Duo a
l'air
effondré. Est-ce que lui pourrait être insensible à la misère humaine
quand Duo
n'est pas touché ?
-«
Vivant diminué de la sorte, je ne sais pas s'il va encore se prendre
pour un
homme ! » Lâche Maxwell pour exprimer son ressenti.
Heero
n'a qu'une envie, lui dire que le malheur frappe ailleurs et là où
il a le
moins touché auparavant. Cependant une nouvelle fois il ne dit pas le
fond de
sa pensée, car Duo lui dirait à raison qu'il avait déjà été assez
éprouvé en
perdant sa femme, en perdant sa colonie et les fausse-couches d'Hilde.
Ce n'est
pas à la misère humaine qu'il ne peut pas compatir, c'est au malheur de
Wufei,
sa rancœur l'empêche de lui pardonner le mal fait à son amant, la place
qu'il a
encore aux yeux de celui-ci.
-« Tu aurais préféré ne pas être en rémission et que ce soit toi qui aies un cancer de la prostate ? » Interroge-t-il.
Il
devait avancer, le
travail les
attendait, il y avait vingt minutes qu'ils étaient là.
-«
Bien sûr que non, ni avoir un deuxième cancer de sein. Ro', je ne tiens
pas à
être affligé de tous les maux. Je ne tiens pas à faire pitié. Qu'est-ce
que tu
imagines ? »
-« Rien, mais on finirait par se le demander. Tu dépéris en attendant qu'un malheur te touche. Vis, bon dieu. Quand un problème surviendra, il sera toujours temps d'aviser et de parer, de se battre. » Lâche Yuy en se rendant au bureau.
Il
devait se mettre au travail, faire ce que son homme n'avait
pas
encore fait.
Maxwell
prend la soupe pour la réchauffer et manger ses tartines. Il a un peu
honte de
s'être fait tirer les bretelles de la sorte mais il doit admettre
qu'Heero a
raison, il est toujours sorti plus fort des épreuves alors pourquoi se
tracasser outre mesure d'un coup du sort hypothétique ?
À
force de faire attention à tout ce qui pourrait arriver, il va passer à
côté du
bonheur, il va rater des moments heureux. Il tracasse Heero, ça il en
est
persuadé sinon il ne réagirait pas avec autant de force, il ne serait
pas sur
les nerfs depuis un certain temps.
C'est
vrai que ce n'est pas logique qu'il y ait si longtemps qu'il soit
heureux, il
n'en a jamais eu l'habitude. Mais pourquoi n'aurait-il pas droit à une
route
dégagée maintenant ? Pourquoi ne pourrait-il pas vivre heureux avec son
homme ?
Pourquoi sa société ne pourrait-elle pas les faire vivre jusqu'à leur
pension ?
Quand
l'heure de la retraite aura sonné, ils avaient des projets. Heero
voudrait
pouvoir retourner vivre à Sank définitivement et ils iront
certainement. Lui
n'aurait plus rien à prouver ici. Mais pour vivre ces moments heureux,
il
devait arrêter de penser au pire, il ne vivrait jamais avec Heero, si
celui-ci,
lassé, le quittait. Oui, il doit penser que la vie va rester heureuse
pour ne
pas dépérir.
Maxwell
dépose sa tasse vide dans l'évier, il se dirige vers le bureau où Heero
est
assis à sa place à trier la boîte mail.
Le
patron vient s'asseoir sur le coin du pupitre comme il le faisait il y
a un
moment déjà, il se penche vers son amant pour l'embrasser tendrement.
-«
Salut toi. » Dit Maxwell puisqu'il ne lui avait pas encore dit bonjour
depuis qu'il
était revenu de Média Com. « Merci » Achève-t-il en se levant pour
continuer à
démonter la carcasse de la navette.
-«
Duo ! » Lâche Heero légèrement inquiet de ce revirement de situation.
-«
Tu avais raison, je suis un imbécile et j'ai bien de la chance de
t'avoir dans
ma vie. Je vais me contenter de ce que j'ai et non paniquer pour des
bêtises. »
-«
Tu veux sonner à Wufei ou Hilde ? » Propose rassuré le métis.
-«
Je le ferai au soir, maintenant il faut que je justifie mon salaire. »
Heero
se sent soulagé, cette histoire n'est sûrement pas complètement
oubliée, mais
la prise de conscience est faite. Duo est un battant, il ne pouvait que
surmonter cette colline qu'il s'était construit tout seul.
FIN