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Disclamer : Ils sont à
Tokita/Yadate/Tomino je les emprunte et j'essaye de ne pas les abîmer, en tout
cas, ils ne se sont encore jamais plaints.
Genre : frienship, romance.
Rating : T
Acteurs : Quatre, Trowa.
Début
d'écriture 21/07/2020
Suite de
« Il n'y a pas que l'amour que ça tue ! »
Les malheurs de Trowa
Relena
AC 203
Trowa
Barton est heureux d'avoir gardé son emploi de jardinier après sa séparation
d'avec Quatre. Pendant qu'il s'occupe des parterres de la ville, il se sent
bien. Il n'est pas resté longtemps dans un hôtel. En moins d'une semaine, il
retrouvait un petit studio meublé. Dire qu'il est heureux c'est un bien grand
mot. Il est déçu surtout et d'aussi loin qu'il ne s'en souvienne il a toujours
été malheureux, ça doit être son lot dans l'existence.
Pourtant,
il a cru toucher au bonheur avec Quatre, il a cru être important pour
quelqu'un, il ne souhaite pas grand-chose de la vie, juste un peu de
reconnaissance, de l'amour et en donner. Il estime être un être simple avec des
souhaits simples. Quand il prend une décision, il revient rarement en arrière
et de trouver Quatre devant son lieu de travail à sept heures du matin, l'heure
à laquelle il démarre ne lui convient pas. Si Quatre ne peut pas comprendre
qu'il n'y a pas qu'une cigarette en cause, il se dit que son sens des affaires
doit aussi être mis en doute.
Non, ce
n'est pas de l'avoir pris à fumer alors qu'il lui a dit qu'il avait arrêté qui
l'a déçu et décidé à partir, c'est le mensonge quand il lui a demandé s'il
refumait après avoir senti l'odeur du tabac froid sur lui. S'il mentait sur un
sujet anodin pour le garder, sur quoi pourrait-il aussi mentir ? Son amour ? Sa
fidélité ? Si chaque fois qu'il aurait du retard il doit commencer à douter, ça
ne va pas, pour lui amour rime aussi avec confiance, même si ce n'est pas une
rime.
Et se
faire poursuivre de la sorte n'arrangeait rien, une preuve de plus qu'on ne
peut pas lui faire confiance puisqu'il ne respecte pas les choix d'autrui, que
seule sa personne l'intéresse. La goutte d'eau qui a fait déborder son vase de
patience fut que Quatre alla jusqu'à demander à son patron de l'envoyer, lui,
en tant que jardinier pour la résidence Winner.
— Non, je
n'irai pas. Envoyez quelqu'un d'autre, mais je n'irai pas !
— C'est
vous qu'il veut, vous y avez déjà travaillé, insiste l'homme.
— Je
sais, c'est moi qui ai tout organisé là-bas, tout le monde peut entretenir.
— Alors ?
demande complètement perdu son patron.
— Je
préfère démissionner qu'aller là-bas.
—
D'accord, mais vous allez chez les Peacecraft.
Trowa se
retourne et prend la direction du manoir bien connu. L'ancien saltimbanque
debout à l'entrée regarde le travail à effectuer. Les pelouses, ce sera facile
avec le petit tracteur qu'il a dans sa camionnette, mais ça manque de
parterres, de bosquet pour tout mettre en valeur, l'étang n'est pas entretenu.
Il aime ce genre de travail, mais il va devoir demander l'autorisation pour
donner une plus-value.
Il se
dirige vers la porte de service et sonne, un vieil homme en costume noir vient
lui ouvrir.
— Oui ?
— Je
viens pour entretenir la propriété. J'aurai des suggestions pour la mettre en
valeur.
— Les
autres tondent la pelouse et s'en vont.
— Il y a
du potentiel, mettre des bosquets fleuris, un parterre le long de la façade, un
jeu d'eau dans l'étang pour le clarifier et peut-être mettre deux ou trois
oies, elles mangeront la mousse aussi.
— Je vais
en parler à Madame, commencer par tondre les pelouses.
Il y a
une heure que Trowa circule sur le tracteur coupant le gazon quand il voit
Relena apparaître, suivie de son garde du corps.
—
Bonjour, Trowa, je ne savais pas que les suggestions venaient de toi, je
n'aurai pas demandé à Heero de m'accompagner sinon.
Les deux
hommes se font un signe de tête. Barton de suite plus professionnel explique à
nouveau ses projets.
— Je vois
un peu comme chez Quatre, mais les statues en marbre en moins, dit-elle.
— Ta
maison a autant de potentiel, c'est dommage de la laisser ainsi, argumente
Trowa.
— Tu
n'essayes pas de recréer ce que tu as fait chez Winner ? demande sceptique
Heero.
— Non et
puis je ne vais pas en profiter non plus, réplique Trowa.
— Heero,
c'est stupide, ce n'est pas parce qu'ils ont rompu qu'il va transformer tout
Sank en mémorial Winner, dit-elle avant de rire légèrement.
Barton
sourit, il ne connaissait pas ce trait de caractère de la demoiselle, quand il
la croisait, c'était toujours aux réceptions de Quatre, elle avait un rôle à
tenir.
— Combien
d'heures et d'hommes cela va-t-il te demander ? insiste Heero.
— Je
viendrai seul, si c'est pour la sécurité de Relena, une petite semaine.
— Je vais
réfléchir, je recontacte ton patron. Merci Trowa.
Barton
acquiesce et se remet au travail, c'est vrai que l'entretien sera plus long que
simplement tondre les pelouses, mais il se peut qu'elle apprécie aussi le
désherber, c'est relaxant.
Trowa
doit attendre une semaine avant de se faire appeler chez son patron.
— Ton
idée a plu, tu as carte blanche pour mettre la résidence Peacecraft en valeur.
Tu peux continuer à suggérer ce genre de travail, ça va me rapporter un max.
Trowa est
heureux, il préfère ça de loin à un travail uniquement de tonte des pelouses.
En arrangeant, en rendant un jardin magnifique, il a un peu l'impression que sa
vie devient meilleure. Il laisse sa marque pour la postérité. Il crée aussi du
plaisir comme à l'époque où il était au cirque, il aime voir le sourire sur les
autres visages, ça le rend heureux.
Cela le
valorise tout ce que le patron vient de lui dire, alors oui il y met tout son
cœur. Relena en rentrant de ses réunions vient voir l'avancée des travaux.
— Tu
crois que tu peux dégager l'arrière de cette parcelle ? demande la jeune femme.
Trowa
vient de lui montrer tout ce qu'il a fait, tout est fini depuis tout à l'heure,
il n'a plus qu'à ranger ses outils. Il a réalisé un joli parterre de roses qui
pousse autour de la maison, il y a un ensemble de couleur. Il a dégagé le plan
d'eau et mis une pompe qui envoie un petit jet d'eau pour aérer le bassin.
Relena est enchantée par ce qu'elle voit, tout à de l'allure. C'est un peu pour
ça qu'il est surpris par la demande.
— Bien
sûr, il faudra arracher les plantes qui sont devenues sauvages. Qu'est-ce que
tu veux ?
— Un
verger et un potager, c'est possible et créer une ouverture par l'extérieur et
une clôture pour le séparer de mon domaine.
Trowa
soulève un sourcil.
— Je veux
faire un espace de culture pour la population pauvre.
— Offrir
un potager partagé sur tes terres, réalise-t-il.
— Voilà,
Heero est contre, il a peur. Mais je crois que c'est nécessaire à la
population. J'ai les gardes pour surveiller, c'est pour ça que je ne veux pas
un panneau de bois comme le voudrait Heero.
— Ça va
me prendre du temps même avec du matériel. Tu veux délimiter les parcelles ?
— Oui, ce
serait bien. Et un cabanon dans lequel je placerai des outils à disposition. Tu
sais faire un abri pour les hérissons également, c'est mieux non pour les
limaces.
Trowa ne
connaissait pas non plus ce côté de la jeune femme, elle lui plaisait de plus
en plus. Il comprend mieux pourquoi tellement de gens votent pour elle. Quatre
ne lui avait jamais donné cette impression de comprendre le peuple. Il réalise
mieux pourquoi elle lui avait demandé de laisser un morceau de son jardin en jachère
pour la diversité animale et végétale.
Un qui
est aussi heureux de ce nouveau projet, c'est son patron. Même si ça lui bloque
un ouvrier travailleur et compétent, la demoiselle paie sans jamais contredire
ses factures comme certains.
L'homme
avait envoyé un devis en signalant qu'il n'était pas fixe, ne sachant pas le
nombre d'heures que Trowa y travaillerait. Ils s'étaient mis d'accord pour un
paiement à la semaine des prestations sur base de facture.
Barton avait
pu se mettre au travail, retourner toute la parcelle, enfoncer des piquets pour
mettre le grillage, ainsi qu'une porte grillagée, mais avec une serrure du côté
de la propriété Peacecraft.
Relena
apparaissait tous les jours avec une boisson fraîche, elle discutait une
vingtaine de minutes avec son jardinier le temps qu'il finisse son thé glacé,
puis elle repartait à ses fonctions.
Trowa
appréciait ces moments où il découvrait une jeune femme charmante qui
s'intéressait réellement aux autres. Elle avait l'air d'apprécier l'avoir au
palais, car après l'extérieur, elle lui a demandé pour aménager son jardin
d'hiver d'un système qui ne demande pas trop d'entretien.
Trowa
étudie la question tout le week-end, en regardant des sites. Le lundi, il
arrive tôt au matin pour lui proposer le projet, un ensemble de Yuccas, des
fougères en arbre, des palmiers queue de poisson ainsi que des fleurs de la
passion de couleurs pour égayer un peu la véranda, le tout avec un système
d'irrigation avec un réservoir, quand il y a assez d'eau, il se coupe et le
bassin se remplit seul en fonction des besoins des plantes, un léger circuit
d'eau courante pour rafraîchir la pièce en été et faire un bruit calmant.
Relena
est enchantée, elle lui demande de s'y mettre directement.
— Je dois
demander l'accord de mon patron, les achats se font avec le nom de la société,
rappelle-t-il.
— Je te
donne la carte de crédit du domaine.
— Je dois
quand même passer par lui et ma journée est prévue par des parcs dans le
royaume.
Relena
soupire, puis lui sourit.
— Je
laisse parfois mon côté enfant gâtée refaire surface, mais tu as raison. Ce que
tu proposes est tellement beau que je voudrais déjà l'avoir.
— La
patience est nécessaire pour toute chose. Je repasse avec le devis ce soir.
— Merci
Trowa. Je te proposerai bien de t'engager ici et à demeure.
— Je
préfère rester indépendant.
— Mais si
un jour tu es trop seul, ta compagnie m'est très agréable. Enfin, si les femmes
t'intéressent.
— Je n'ai
pas de préférence sexuelle, réplique-t-il même s'il est très surpris par la
proposition.
C'est
vrai aussi qu'il apprécie sa compagnie, alors il lui demande :
— Tu veux
vraiment ce jardin exotique ?
— Bien
sûr, ce n'est pas un moyen pour te draguer.
— Je
repasse ce soir.
— Ce sera
avec plaisir, dit-elle en lui souriant.
Son
patron aussi est ravi par ce nouveau travail, il va presque pouvoir mettre un
homme là-bas toutes les semaines, une journée complète, pour entretenir si les
propriétaires ne le font pas, ce qui arrive souvent, ils veulent que ce soit
beau, mais n'ont pas le courage de le faire. Il peaufine le devis pour quand
son ouvrier reviendra de sa journée de travail.
Trowa,
maintenant qu'il sait qu'il n'y a pas que le travail, est un peu nerveux en
poussant les grilles de la propriété Peacecraft. Pagan le fait entrer
directement et le guide jusqu'à un petit salon où Relena révise des dossiers.
Barton
s'étonne de ne plus avoir vu Heero près de Relena à part le premier jour, c'est
vrai qu'il le voit parfois de loin, mais il n'a plus accompagné sa patronne pour
les inspections. Du coup, il pose la question :
— Heero
fait bien son travail ?
— Il est
mon ombre à l'extérieur, ici je ne risque rien et puis quand je vais te voir,
il sait que tu peux me défendre aussi.
Trowa
peut bien l'admettre, certains réflexes ne s'oublient jamais. Il lui tend le
devis avec le plan qu'a fait son patron.
— Oh !
c'est encore plus joli que ce que j'imaginais à tes dires.
— Je peux
commencer mercredi.
— J'en
serai enchantée.
— Madame,
votre frère est là, il voudrait vous parler, dit Pagan en arrivant.
Relena
soupire et se lève, puis elle se tourne en souriant vers Trowa :
— Est-ce
que tu me ferais l'honneur de partager mon repas ?
— Ton
frère ne reste pas ! s'étonne-t-il.
— À mon
avis non, il vient juste me demander quelque chose comme souvent et il va
disparaître.
— Heero
non plus ?
— Ça ne
lui arrive pas souvent. Il a sa vie, tu sais.
— Alors,
j'accepte avec plaisir.
Relena
lui sourit et s'éclipse. Trowa se poste à la fenêtre, surtout pour regarder le
jardin. Au bout de dix minutes, il voit un grand type aux longs cheveux blond
presque gris passer d'un pas rapide. Il voit aussi Heero sortir de la propriété
au moment où Relena entre dans le salon. Il se tourne directement vers elle.
— Le
repas sera servi d'ici une grosse demi-heure. Tu regardais ton œuvre ?
— Oui,
même si la nature fait le reste. Tu n'y travailles jamais ?
— Non,
mais mes promenades digestives sont beaucoup plus agréables. Dorothy a beaucoup
apprécié quand elle m'a rendu visite. Tu as des nouvelles de Quatre ?
— À part
dans les journaux, non. Je préfère, il m'a beaucoup déçu.
— Il m'a
dit que tu l'avais quitté parce qu'il fumait. Il a pourtant arrêté à nouveau.
— Relena,
je n'ai plus confiance. Le problème est qu'il m'a menti. Ma vie n'a été que
mensonge, je ne le supporte plus. Et ça il ne l'a pas compris.
— Il me
demande souvent de tes nouvelles depuis qu'il sait que tu travailles ici.
J'essayerai de lui faire entendre raison qu'il puisse tourner la page.
— Et fumer
s'il veut bousiller ses poumons, lui qui trouve que ça lui donne un air mature,
lâche cinglant Trowa.
Relena
éclate de rire.
— C'est
l'excuse qu'il t'a donnée, mon dieu.
Trowa
acquiesce simplement.
Il avait
passé une bonne soirée et une bonne nuit. Il n'avait quitté le palais qu'au
matin pour faire un saut à son appartement et changer de vêtements. La
cuisinière lui avait préparé son casse-croûte et petit déjeuner sur ordre de
Relena. Elle dormait encore quand il était parti.
Ils
n'avaient pas fixé un autre rendez-vous, mais ce n'était pas nécessaire, lui
allait venir travailler dès le lendemain matin et au sein du bâtiment.
Quand il
arrive pour travailler, Relena l'attend en robe de chambre, il la trouve
vraiment jolie au saut du lit.
— Tu veux
déjeuner avec moi ?
— J'ai
déjà mangé, lui dit-il.
— Une
tasse de café ? Tu peux l'inscrire dans tes heures.
—
J'arrive.
Trowa
dépose le matériel dans la véranda et va rejoindre sa belle.
— J'ai
une réunion ce soir, mais si tu veux souper avec moi demain, ça me ferait très
plaisir et que tu restes la nuit aussi.
— Je
viendrais.
Oui, il
irait, il avait passé une agréable soirée, Relena prenait le temps de rester au
courant de tout, des derniers films, des dernières lectures en vogue. Quatre ne
s'occupait que du monde politique et des affaires. Ils avaient souvent des
discussions limitées.
Est-ce
qu'il était prêt pour une nouvelle histoire ? Peut-être bien. En tout cas, il
aime réellement sa compagnie.
C'est
presque impatient qu'il revient pour souper avec Relena jeudi soir, il est
rentré chez lui pour se doucher et mettre une tenue plus appropriée que son
bleu de travail. Il s'est fait aussi un petit sac pour ne pas devoir rentrer à
son studio avant de travailler. Mais il devra bien y aller au soir, il a une
machine à pendre qu'il vient de mettre en marche.
En tout
cas, il ne sait pas s'il va remettre en location son studio même s'il passe
tout son temps chez Relena. Chat échaudé craint l'eau froide, il veut garder un
point de chute, comme il gardera son emploi. Après il s'en veut de penser déjà
à la rupture alors qu'ils n'ont passé qu'une nuit ensemble. Est-ce que Relena
avait déjà des vues sur lui quand il était avec Quatre ? Cela fait beaucoup de
questions et il ne sait pas s'il veut toutes les réponses.
Il essaye
de chasse ses idées pour profiter du repas qui est délicieux. Les gens riches
ont de la chance d'avoir de bons cuisiniers. Le vin est bon, il l'avait déjà
constaté à l'autre repas. Un verre ne fait pas de mal de temps en temps et la
compagnie est plus qu'agréable.
Après le
souper, Relena lui propose une promenade dans le parc.
— Je dois
avouer que depuis qu'il est si beau, j'ai envie d'y aller régulièrement.
— Les
gens ont un jardin pour en profiter et si tu profites du tien, ça me fait
encore plus plaisir. Quatre y allait rarement, ça me désolait, il avait préféré
le tape-à-l'œil.
—
Parfois, je m'étais demandé ce que vous faisiez ensemble, vous êtes si
différents, dit-elle en marchant à ses côtés.
— Les
contraires s'attirent, lâche-t-il.
À la
longue, il s'était aussi posé la question, mais là il n'est pas prêt à le
reconnaître. Est-ce que c'était par habitude qu'ils étaient restés ensemble ?
Est-ce que c'était pour continuer ce qu'ils avaient débuté durant la guerre ? Alors
que c'était plus pour faire descendre la tension. Il avait couché avec Heero
pour ça, il sait que son amant de passage le faisait aussi avec Duo, à
l'époque. Il ferme son esprit à ça et continue de marcher près de Relena.
— Oui tu
as peut-être raison ou pas, sourit-elle.
Comme il
hausse un sourcil, elle continue le fond de sa pensée :
— Ce
serait dommage que simplement les contraires s'attirent, cela voudrait dire que
si on se ressemble, on n'a rien à faire ensemble.
— On dit
aussi que le cœur a ses raisons que la raison ignore.
— C'est
vrai, j'étais folle d'Heero, mais je ne le connaissais pas, il est trop
déterminé pour moi.
— Mais
toi aussi quand on voit tout ce que tu as fait !
— Il ne
sait pas prendre le temps de s'amuser, dit-elle.
Trowa
préfère ne pas répondre, d'un autre côté, c'est vrai qu'il ne le connaît pas si
bien que ça.
µµµ
Les
journées s'égrainent, le travail avance bien. Il peut constater que Relena, sa
petite amie, a souvent la visite de son frère, mais il ne reste jamais
longtemps. Il y a aussi une amie à elle qui passe fréquemment, Dorothy. Ça lui
a fait un choc la première fois de la voir, mais elle a l'air plus calme et
moins vindicative que durant la guerre.
Maintenant
que le travail d'aménagement est fini, Trowa ne vient plus que pour l'entretien
des jardins une fois la semaine le mercredi. Il passe aussi plusieurs soirées
avec sa belle, surtout quand elle n'a pas de réunion.
—
Pourquoi n'emménagerais-tu pas ici, on se verrait plus quand je rentre tard. Si
je sais que tu es là, ça me motivera à rentrer plus vite.
— Si tu
le désires vraiment, ça me ferait plaisir aussi.
Dès le
lendemain, Trowa apparaît après le travail avec deux sacs.
— C'est
tout ce que tu as ? s'étonne-t-elle.
— C'est
ce que j'avais en arrivant à Sank et en quittant Quatre.
Bien sûr
comme il ne remettait pas son studio meublé en location, il ne lui dit pas
qu'il lui reste en plus le peu de vaisselle qu'il a acheté depuis. Il ne va pas
venir avec ses couverts, ses assiettes, sa casserole et sa poêle qui restent
chez lui.
Relena
lui sourit, vient l'embrasser avant de le traîner vers sa chambre, elle a fait
dégager un meuble rien que pour lui. Ses maigres affaires y sont ridicules.
Voyant qu'il n'a pas de costume, elle lui demande :
— Ça te
dérange si j'en commande deux avec des chemises, si tu as envie de
m'accompagner à certaines soirées.
— Quatre
ne me demandait pas l'autorisation.
— Mais tu
n'es pas mon gigolo ! s'indigne-t-elle.
Voyant
Trowa se rembrunir, elle ajoute :
— Désolée,
je ne voulais pas retourner le couteau dans la plaie.
— Relena,
je préférai aller les acheter moi-même.
— Bien
sûr, j'aurais dû y penser, mais j'aimerai que tu m'accompagnes à certains galas
le soir.
— Je
m'occupe des achats dès demain, rassure-t-il.
Relena
lui sourit, vient l'embrasser. Elle regarde l'heure sur son réveil et dit :
— Je
crois qu'il est temps d'aller manger.
Les plats
apportés ont l'air délicieux, comme les deux, trois fois où il est resté dîner,
Pagan veut lui servir un verre de vin, cette fois Trowa refuse.
— Pas en
semaine, dit-il pour se justifier.
—
Pourtant tu es déjà venu manger en semaine, lâche-t-elle.
— C'était
jour de fête. Ici, ça devient habituel, lui répond-il.
Pagan
attend au-dessus du verre de Relena.
— Si
servez-moi, j'aime mon petit verre de vin, ça me relaxe après la journée de
travail.
— Tant
que ça n'en devient pas une habitude dont tu ne sais plus te passer.
— Je sais
que l'alcoolisme a plusieurs étages, celui qui doit boire chaque fois qu'il
sort, celui qui a besoin de sa dose énorme journalière, celui qui boit un verre
chaque jour et ne sait plus s'en passer. Je m'en passe quand je veux.
Seulement, aujourd'hui, je fête ton arrivée, tu ne veux pas m'accompagner ?
Pagan
attend, il lui fait signe que oui.
— Pour
fêter notre mise en ménage.
— Demain,
je te prouve que je n'en ai pas besoin. Tu sais que je devais avoir douze ans
quand mon père m'a autorisé un verre tous les soirs au repas.
— Tu bois
dans les galas ?
—
Toujours des jus de fruits. Je dois bien faire passer un message qu'on peut
s'amuser sans alcool. Tu n'as rien à craindre.
Il hoche
de la tête, mais lui trouve que c'est une sorte de mensonge, faites comme moi,
mais je ne le fais pas vraiment. Il trouve ça honteux, mais il se tait.
Le repas
est délicieux comme toujours. Il discute de ses aménagements chez certains
clients, elle lui demande des idées sur des sujets dont elle ne maîtrise pas
les ficelles, même si ça fait des années qu'il vit dans la noblesse, il
travaille et fréquente plus le peuple qu'elle.
— Tu es
déjà allé voir la parcelle partagée ? demande-t-il tout d'un coup.
— Non,
mais je me dis qu'avoir un petit coin à nous ne serait pas mal, pas chez eux,
mais ici.
— J'irai
voir et je regarderai où on peut le faire sans abîmer la vue.
— J'irai
avec toi, ça nous fera une marche digestive.
Ils
avaient circulé main dans la main et trouvé l'endroit idéal près du ruisseau
qui amenait l'eau à l'étang.
— Tu le
fais dans tes loisirs ou je t'engage ? demande-t-elle avec un grand sourire.
— Je dois
avouer que je préfère faire autre chose en loisir, même si j'adore mon métier.
— C'est
pour ça que je te le demande. Je me rends compte que je ne connais pas tes
loisirs, dit-elle en s'accrochant à son bras.
Ils
reprennent leur marche pour rentrer.
— J'aime
beaucoup me promener, lire.
— J'aime
moins lire, même si je me tiens au courant des buzz en littérature. J'aime bien
le cinéma, mais ce n'est pas évident de se fondre dans la masse.
— Quatre
avait sa salle.
— Mais
j'aime l'ambiance, entendre les autres réagir en même temps que moi !
—
L'anonymat à des avantages.
— Comme
on dit toutes médailles à son revers. Je n'ai pas à me plaindre non plus.
—
Pourquoi ne vas-tu pas à des avant-premières, il y a toujours beaucoup de
célébrités ?
— C'est
une idée, sourit-elle.
— Je
regarderai si on sait s'inscrire pour ce genre d'évènements. En plus, tu
n'auras peut-être pas ta place à payer, taquine-t-il.
Ils
continuent leur promenade jusqu'à l'intérieur. Trowa croit que sa vie va être
agréable. Malgré ses responsabilités, Relena a l'air de plus prendre le temps
de vivre.
Dès le
lendemain, Barton amène le nouveau projet à son boss. Il est ravi, depuis que
c'est lui qui travaille là-bas, ça n'arrête pas, permettant à un homme d'y être
employé au moins une journée semaine. Il faudra qu'il propose à ses autres
clients l'idée des jardins d'intérieur qu'il se prépare pour la saison froide
où il doit souvent mettre son personnel au chômage technique. S'il avait une
petite rentrée d'argent, ce serait mieux pour ses finances.
Après sa
journée de travail, Trowa passe par son studio, il n'a pas fait son changement
d'adresse et son courrier arrive toujours là-bas. Pour le reste, il utilise les
commodités du château, le personnel fait son linge. En attendant Relena, il lui
arrive de vérifier l'entretien des plantes, mais le plus souvent, il s'installe
dans le salon d'hiver avec un bon livre. Pagan lui propose une boisson qu'il
refuse.
Il doit y
avoir quinze jours qu'il vit au château quand juste avant l'heure de passer à
table, Relena revient un peu trop maquillée à son goût.
— Je suis
désolée, j'ai dû faire un communiqué de presse. Je vais prendre une douche et
on peut aller manger.
— Prends
ton temps.
— Merci
Trowa, dit-elle en lui donnant un baiser et elle se sauve.
Elle
revient une demi-heure plus tard, en tenue décontractée, un jogging, mais qui
lui va comme un gant et un joli débardeur en dessous de la veste ouverte, les
cheveux encore un peu humides.
— Je me
sens mieux.
— Je
prends aussi souvent une douche en fin de journée pour mettre autre chose que
mon bleu de travail.
— Ça
dépend de ma journée, mais là je n'en pouvais plus de ce tailleur.
— Tu
t'habilles toujours avec style même comme ça.
— Allons
à table, Pagan doit avoir envie d'avoir sa soirée également ainsi que la
cuisinière, dit-elle en rougissant.
Arrivé à
la table à manger, Trowa apprécie de voir que les verres de vin n'ont toujours
pas été remis. L'alcool est une si mauvaise habitude. Il n'a rien contre dans
les grandes occasions, mais on n'a pas besoin de ça pour s'amuser. En plus, si
on en abuse, on est malade le lendemain et on a oublié ce qu'on a fait, mais il
sait bien que l'État y trouve son compte, c'est pour ça qu'il le tolère et le
pousse dans certains cas.
Il écoute
Relena raconter sa journée et les ennuis qu'une loi sur l'obligation de laisser
une partie sauvage a eu du mal à passer auprès des grosses entreprises et
exploitations. Elle voudrait s'attaquer aussi au gaspillage que réparer coûte
moins cher qu'un neuf, mettre des primes pour l'ouverture des magasins de
réparation, là aussi elle se bute contre ceux qui produisent et leur manque à
gagner.
— Tu
devrais demander à Duo, ç'a été sa branche durant une période de sa vie.
— C'est
une bonne idée, tu sais où il est ?
— Je
crois qu'il travaille chez les Preventers à Sank.
— Je vais
demander à Lady Une, elle me le dira.
Et ils
avaient changé de sujet de discussion.
Trowa
peut constater quelques jours plus tard que son idée a été suivie, alors qu'il
travaille dans les jardins, il voit passer Maxwell. Il lui fait signe, ce
dernier lui répond, mais ne s'arrête pas, ça le déçoit un peu.
Une heure
plus tard, il le voit sortir et se diriger directement vers lui.
—
Excuse-moi pour tout à l'heure, mais j'ai horreur d'être en retard à un
rendez-vous. Tu travailles ici tous les jours ? Je croyais que tu étais
retourné au cirque après avoir rompu avec Quatre.
— Non,
j'avais gardé mon travail, j'aime m'occuper des plantes.
— Moi
j'aime courir derrière les malfrats, ceux qui menacent la paix.
— Tu dois
encore revenir ?
— Non, je
ne crois pas, on a fait le tour à moins qu'elle ne me rappelle.
— On
pourrait prendre un verre un jour !
— Oui, je
te donne mon numéro.
Maxwell
lui donne sa carte, lui fait signe et s'en va. Trowa le regarde partir, il le
trouve plus posé qu'adolescent même s'il avait déjà fameusement la tête sur les
épaules. Il secoue la tête et se remet au travail, il n'est pas payé pour bayer
aux corneilles. Il y a énormément de choses à finir avant de pouvoir rentrer
chez lui.
Quand il
travaille pour Relena, ce qui lui est le plus pénible, c'est de devoir
retourner à l'entreprise pour revenir ici, mais il doit bien rendre la
camionnette et les outils.
Les jours
passent lentement, deux semaines après son entrevue avec Duo, Relena lui dit
qu'elle doit s'absenter deux jours. Trowa en profite pour contacter Duo, ils
passent la soirée ensemble au château pour parler du passé, du futur.
— Je ne
t'aurai pas vu jardinier.
— J'ai
découvert ça en entretenant la propriété de Quatre. J'ai vraiment eu
l'impression d'être une potiche, il fallait que je m'occupe.
— Je
n'aurais pas pu vivre comme tu as vécu, avoue Maxwell.
— C'est
le passé, je suis bien maintenant.
— Relena
a bien évolué, une fois qu'elle a compris qu'Heero était gay, sourit Duo.
— Je ne
le vois pas tellement dans son sillage, lâche Trowa.
— Il a
encore plus de liberté depuis que vous êtes ensemble qu'il m'a dit l'autre
jour.
— Ça doit
être pour ça.
On sonne
à la porte, Duo se redresse dans le rotin du jardin d'hiver.
— Tu
attends de la visite ?
— Non,
mais Pagan va s'en charger.
Peu de
temps après, un homme à la longue chevelure blonde passe devant les vitres de
la véranda, Maxwell plisse les yeux.
— Ce
n'est pas Zechs Merquise ?
— Si
maintenant, il se fait appeler Miliardo, c'est le frère de Relena, il passe
régulièrement, mais elle ne me l'a jamais présenté.
— Il est
en affaires avec elle ? Je croyais qu'il était parti sur Mars.
—
Franchement, je n'en sais rien. J'ai un peu décroché de tout ça. Il m'arrive
d'écouter Relena d'une oreille distraite quand elle parle politique.
Déjà
Miliardo repasse dans l'autre sens.
— Moi, ça
me tracasserait.
— Il
vient peut-être chercher ou signer des documents. Et non, ça ne me tracasse
pas.
Les
discussions reprennent sur tout, sur rien. Duo repart vers vingt et une heures
après avoir partagé le repas du jardinier.
Trowa
n'en revient pas comme le temps peut passer vite quand on est bien. Il y a les
soirées de gala qui lui plaisent moins où il faut bien s'habiller, paraître, il
n'aime pas ça. Heero a ces moments-là est présent en couverture, comme
chauffeur aussi on ne sait jamais. Et puis c'est le genre d'endroit où il
croise Quatre. Il a fini par le trouver lourd de venir le relancer à chaque
fois même maintenant qu'il sait qu'il est avec Relena depuis plus de six mois.
Il a pu
le constater qu'elle boit bien des jus de fruits alors que d'autres sont à
l'alcool. Le verre de vin, c'est juste pour le repas dominical qu'il prend avec
elle, mais pas toujours, le verre hein pas le repas ^^. C'est à l'un de ses
repas qu'il pose une question qui le tracasse depuis un certain temps :
—
Pourquoi n'invites-tu jamais ton frère au repas du dimanche ?
— Je ne
le connais pas si bien. Il est mon frère que de noms. Il vient surtout voir
Pagan qui l'a élevé petit.
— Mais
plus d'une fois, tu es allé le voir, insiste-t-il.
— Ça
reste mon frère, mais je n'ai aucun souvenir de lui enfant, et pas beaucoup
d'affinité non plus.
Sentant
le sujet un peu dangereux, il en change.
µµµ
Et le
temps reprend son cours, les semaines défilent. Pour une fois, Trowa n'est pas
en fonction chez lui, le mercredi. Un gros chantier à finir a repoussé d'une
journée son travail à demeure. Il est à la taille des rosiers quand il voit
Pagan charger la voiture d'une série de vidange de bouteilles de vin. Il est d'autant
plus intrigué qu'il l'a déjà vu faire la même chose le mois passé, il s'était
dit que c'était la consommation d'avant et qu'il faisait du rangement. Mais là,
il est réellement surpris de voir qu'il charge la même quantité. Il n'y a pas
eu de réception, il n'y en a presque jamais ici.
Relena
n'a pas eu de visite à part son frère, qui ne reste pas, et Dorothy, mais elles
prennent le thé ensemble. Est-ce que ce serait le personnel qui descend la cave
privée de la princesse ou Pagan ? Oui plus lui, sinon il ne cacherait pas le
forfait à sa patronne. Il aurait viré la personne incriminée, du moins il l'ose
l'espérer.
Il faudra
qu'il en touche un mot à Relena et qu'elle surveille sa cave personnelle. Un
peu rassuré, il reprend son service.
Au soir,
durant le repas, Trowa se racle la gorge avant de se lancer :
— Tu sais
ce que tu as dans ta cave à vin ?
— Tu veux
un cépage spécial ? demande-t-elle en lui souriant.
— Non,
juste savoir si tu saurais voir si quelqu'un boit sur ton compte.
— Pour ça
non, c'est Pagan qui gère tout. Je ne crois même jamais avoir vu passer une
facture, il a plein pouvoir.
— Tu
ferais bien d'y jeter un œil, je crois qu'il boit le vin que tu aimes tant sur
ton dos !
—
Qu'est-ce qui te fait croire ça ? interroge-t-elle sur la défensive.
— Je l'ai
vu partir pour la bulle à verre avec une caisse de vidange, il l'avait déjà
fait le mois passé.
Relena
soupire.
— Il me
sert mon verre à un autre moment. J'en ai besoin pour me détendre après une
grosse journée. Je ne suis pas une alcoolique.
— Bien
sûr que si, tu l'as dit toi-même, tu en as besoin ! Tu soutiens une association
contre l'alcoolisme en plus. Tu le dis à chaque fois qu'on veut te servir
d'alcool dans les galas. « Non, merci, l'alcool c'est un vice, il s'insinue
petit à petit dans nos vies pour être un fléau. » Mais tu te rends compte que
c'est un mensonge ?
— Et toi
? Tu te crois parfait peut-être pour faire la morale aux autres ! Tu pends la
gueule à longueur de journée, on ne sait jamais si tu es heureux. Tu devrais
boire plus souvent et en plus grande quantité, tu verrais la vie sous un autre
angle, dit-elle.
Puis elle
appelle Pagan pour avoir un verre de vin.
— Tu
m'accompagnes ? demande-t-elle.
Comme
Trowa secoue la tête, elle ajoute :
—
Arrêtons notre histoire ici. Nous sommes bien trop différents. J'ai passé de
bons moments avec toi, mais là nous sommes trop opposés. Je ne suis pas comme
Quatre, je ne te harcèlerais pas, tu peux continuer à venir travailler ici.
Trowa se
lève en disant :
— Je vais
chercher mes affaires.
— Oh ! tu
peux au moins prendre ton repas, la cuisinière a préparé pour deux ce serait du
gaspillage.
Trowa
hésite et se réinstalle. Il se félicite d'avoir gardé son domicile. Il n'aurait
jamais imaginé que son histoire avec Relena se terminerait ainsi, mais c'est vrai
qu'ils n'ont plus grand-chose en commun, les livres elle ne les lisait pas,
elle avait des personnes qui lui en faisaient des résumés, les centres
d'intérêt n'étaient pas réciproques.
Après le
repas, Barton monte faire ses sacs, il en a toujours deux comme quand il est
arrivé avec un costume en plus.
Sur le
perron, Relena le regarde partir avant de refermer la porte. Elle avoue avoir
pris la première excuse pour rompre, elle s'était enflammée puis le soufflet
était retombé bien vite devant son mutisme.
Comme on
peut se tromper sur les gens, pensent-ils en tournant cette page de leur vie.
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