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Début d’écriture 06/10/2017

Plus près de toi

Gabriel a dix-huit ans, il veut devenir pharmacien. Ses parents ne sont pas riches, il est le troisième enfant sur quatre, les études des deux aînés ont déjà bien entamé le budget familial.

Son frère est en dernière année d’architecture, sa sœur en deuxième année d’assistante sociale et la plus jeune vient de commencer le secondaire.

Son père est maçon et fier que sa progéniture puisse aller à l'université grâce à son travail, lui qui n’a pas pu. Sa mère est secrétaire à mi-temps chez un ramoneur.

Pour avoir plus facile et moins de trajets, Gabriel ira dans un internat à Liège afin de ne pas devoir continuellement faire la navette. Pour payer une bonne partie lui-même, il travaille depuis le début du mois d’août dans un restaurant sur la côte belge, il est serveur. Une très bonne place, bien rémunérée, il est aussi logé et nourri.

Il voit du monde, il est heureux, d'autant plus que depuis deux jours une très belle jeune fille aux longs cheveux brun presque noir vient prendre l’apéro avec une amie. Il l’aime l’entendre lui commander :

« Une sangria et un safari à l’orange », avec son accent canadien.

Ils échangent deux, trois mots sur la pluie et le beau temps. Il resterait bien de longues minutes à discuter avec elles. Seulement, il y a beaucoup de tables, c’est le coup de feu, s’il le faisait il verrait certainement le patron arriver à la porte du restaurant pour lui faire signe de se remettre au travail. Les serveurs doivent être chaleureux mais ne pas oublier qu’ils travaillent.

Quand il repasse près de sa table, il aime la regarder et entendre sa voix chantante répondre à son amie. Il sait que c’est stupide mais il est en train de tomber amoureux alors qu’il n’a pas réellement discuté avec elle. Il ne connaît rien d’elle, de ses goûts, de ses aspirations dans la vie. D’accord qu’elle est jolie, mais ce n’est pas un canon, elle a surtout du charme. Il ne sait même pas son prénom réalise-t-il.

Alors que les deux jeunes filles se lèvent après avoir fini leurs consommations, Gabriel soupire, avec un peu de chance, elles reviendront demain. Quand il va ramasser les verres vides, il les regarde s’éloigner en discutant.

Il n’y a encore que deux heures qu’il a pris son service, il aura droit à une pause d’une heure dans deux heures alors il repart vers le bar avec son plateau rempli de verres sales. Il préfère son rôle que celui de Mathias qui est à la plonge toute la journée. Même s’il marche des kilomètres sur sa période de travail, que cette nuit il a eu plusieurs fois des crampes dans les mollets, il voit la mer, il respire l’air du large, il ne reviendra pas blanc comme un cachet d’aspirine.

Une fois ses verres déposés, il repart vers la terrasse avec les consommations dont il a pris les commandes.

Le temps file quand il est bien rempli, pas moyen de s’ennuyer avec la cadence et la terrasse qui ne désemplit pas même après la période de l’apéritif. Il y a les gens qui viennent manger des croque-monsieur, des tomates aux crevettes, d'autres spécialités de la côte Belge comme celle du restaurant où il travaille, la Taverne des Pierrades.

Vers deux heures, s’il n’y a pas trop de monde, Gabriel a droit à une pause. Il peut manger gratuitement sur place mais ce qu’un autre serveur lui a déconseillé pour ne pas devoir se remettre au travail avant l’heure s’il y a trop de clients.

Aujourd’hui, il peut s’arrêter à l’heure, il passe en cuisine et se fait un sandwich avant de partir se promener un peu sur la plage.

Marchant devant lui, il y a sa belle Canadienne, les pieds dans l’eau. Il la regarde en souriant, s’il avait le courage, il l’aborderait, seulement elle est à nouveau avec son amie. Et puis, il se dit que ça ne doit pas être amusant de se faire draguer continuellement, elle ne se souvient peut-être pas de lui.

Sa sœur aînée, qui est très jolie, lui a dit que parfois c’était agaçant de ne pas pouvoir s’habiller comme elle le souhaitait. Elle a trop peur de se faire accoster, draguer, harceler, parfois se faire insulter et que non ce n’était pas flatteur de se faire siffler, de se faire appeler poupée.

Une rafale soulève le chapeau de la chevelure brune. Elle se retourne pour le rattraper. Gabriel le voit venir vers lui, il tend la main pour le saisir avant qu’il ne tombe dans les vagues.

« Merci, dit-elle en venant vers lui.

— De rien », rétorque-t-il en lui tendant son chapeau.

Elle lui fait un grand sourire avant de courir vers son amie.

Gabriel regarde l’heure, il est temps pour lui de rentrer à la Taverne des Pierrades pour reprendre son service. Il va être quinze heures, les clients vont revenir en plus grand nombre pour le goûter, d’autres suivront pour l’apéro du soir. Il y aura ceux qui viennent pour le repas et à partir de vingt heures ceux qui passent la soirée là pour ne pas être seuls ou profiter de l’ambiance.

Vers vingt-deux heures, le patron prévient la clientèle que c’est le dernier verre, il y a déjà douze heures que son commerce est ouvert. Pour les employés, il faut encore relaver le café et le ranger pour l’ouverture du lendemain.

Pour être serveur, il faut de l’endurance. Gabriel ne l’aurait jamais imaginé. Il faut également de la mémoire, de la rapidité, il veut bien le faire durant les vacances mais jamais il ne fera ça toute sa vie s’il rate ses études.

Peu avant midi le lendemain, il commence à scruter la terrasse et la digue dans l’espoir de voir arriver celle dont il se sent épris.

En ressortant avec son plateau remplit de ses commandes, son cœur s’emballe, la voilà qui s’installe mais elle est seule, est-ce que son amie va arriver ?

Il espère que Grégoire qui fait la terrasse avec lui n’ira pas lui parler le premier. Il distribue rapidement ses boissons et se dirige vers elle.

« Bonjour, vous avez déjà choisi ? demande-t-il.

— Bonjour, oh merci pour mon chapeau hier.

— Il aurait été dommage qu’il s’abîme dans la mer.

— Je veux bien une sangria, s’il vous plaît.

— Je vous l’amène. »

Il avait été tenté de lui demander si son amie allait arriver mais il aurait eu peur qu’elle ne se rende compte qu’il l’espionnait depuis deux jours.

Il prend une autre commande avant de rentrer dans le bar. Quand il revient avec la sangria et les autres boissons, il voit Grégoire s’arrêter près de sa belle Canadienne et commencer à discuter un peu avec elle, chose qu’il n’ose pas faire.

« Voilà votre commande, je vous laisse, dit Grégoire en partant.

— Quel dragueur, dit-elle en soupirant.

— C’est ce que lui reproche le patron, de discuter plus qu’il ne travaille », dit-il en déposant le verre.

Il glisse le ticket sous le cendrier comme tous les jours.

« Je mangerai certainement ici, on peut le faire en terrasse ?

— Sans problème, sauf les pierrades.

— Une pierrade seule, ce n’est pas marrant.

— Quand vous voulez commander, faites-moi signe », dit-il en se dirigeant vers une table que des clients viennent de quitter.

Ainsi, elle est seule mais pour la journée ? Définitivement ? Combien de temps avait-il pour en savoir plus sur elle ? Sans l’effrayer surtout. Est-ce qu’on peut tomber amoureux au premier regard ? Il a entendu beaucoup de choses sur le coup de foudre et la pire à ses yeux c’est que ça ne dure pas.

Il veut bien admettre qu’il a un coup de cœur, mais aimer non, il ne la connaît pas assez. En débarrassant la table à côté d’elle, il se dit que l’avantage du Starbucks, c’est que ça ne fait pas bizarre de demander le prénom. Ici, il a juste le numéro de la table pour mémoriser l’emplacement des clients.

Il expulse l’air de ses poumons et se lance :

«  Vous appréciez la côte Belge ?

— Oui, beaucoup, l’air est vivifiant, c’est agréable de marcher sur le sable, les pieds dans l’eau. »

La table est vide, mais il en profite pour s’attarder un peu, parce qu’elle a l’air de vouloir continuer à parler.

«  Les gens sont sympathiques, comme les commerçants. Je ne regrette pas mon séjour ici.

— Vous restez longtemps ? » Dit-il en reprenant son plateau rempli de verres sales.

Son patron vient d’apparaître à la porte du bar.

« Jusqu’à la fin de la semaine.

— Gabriel !

— C’est moi, je dois me remettre au travail.

— Je prendrais un croque-monsieur, s’il vous plaît.

— Je passe commande. »

Il lui sourit et s’en va.

« Annoncé, dit-il en passant la porte. Deux sangrias, une Rodenbach grenadine, un Fanta, deux cocas et un croque-monsieur. »

Puis il se dirige vers le coin de la plonge pour déposer tous ses verres vides.

« Tu ne vas pas te mettre à draguer ! accuse le patron.

— Elle hésitait sur ce qu’elle allait manger, le croque, c’est pour elle.

— Te laisse pas intimidé, lui dit Mathias. Tu passes moins de temps que Grégoire à ne rien faire. C’est bien pour ça que tes pourboires sont plus importants, tu fais plus de clients. »

Au bar, on lui donne ses boissons et il repart. Il devrait mettre un podomètre afin de voir réellement combien de kilomètres il fait sur une journée.

Après avoir déposé ses boissons, il ramasse d’autres verres de l’autre côté de la terrasse. Il jette un coup d’œil vers elle. Cette dernière regarde passer les gens, les enfants sur les cuistax en sirotant lentement sa sangria.

Il retourne au bar, il annonce la prochaine commande. Il peste un peu en voyant le patron partir avec son croque-monsieur, il ne livre pas souvent. Il aide quand ils sont débordés derrière le bar, sinon il circule, discute avec les clients et à surtout l’œil à tout.

Il soupire de ne pas pouvoir profiter de la demoiselle avant de repartir une nouvelle fois avec sa commande. Il croise son patron sur le chemin.

« J’ai encaissé la table de ta Canadienne.

— Merci.

— Je t’évite les tentations.

— Vous êtes trop gentil », ne peut-il que railler.

Pourquoi ne fait-il pas la même chose avec Grégoire ? Parce qu’il aurait trop de travail sûrement. Il encaisse à une table, débarrasse à une autre ou de nouvelles personnes s’installent directement.

Gabriel est heureux de voir arriver quatorze heures et de pouvoir faire une pause d’une heure. Il n’a même pas vu partir sa Canadienne, comme disent les autres pour le taquiner. Il part se promener comme souvent sur la plage.

Comment ont-ils réalisé si vite son attirance ? D’un autre côté, il faut être observateur pour être serveur, constater rapidement que quelqu’un cherche à attirer votre attention. Voir les gens qui n’osent pas l’aborder, regarder où il y a des tables à débarrasser, remarquer que ce ne sont plus les mêmes gens à une table.

Il est peut-être plus souriant quand elle est là, parce qu’il n’a pas l’impression de se précipiter plus vers elle. Si peut-être tout de même, il a peur que Grégoire y aille le premier et ne pas pouvoir lui parler un peu, la regarder sans qu’elle ne se sente offusquée.

Il reprend le service jusqu’à dix-sept heures où il a une nouvelle pause qu’il prend dans la cuisine, il n’a qu’une demi-heure et pas le temps à perdre en se promenant. D’ici, il voit la terrasse et le café mais pas entièrement. De toute façon, s’ils ont besoin d’aide, le patron viendra le chercher mais il constate que c’est calme, alors il savoure son croque-monsieur.

-« Gabriel, clients, dit le patron en entrant.

— Pas tant que ça. Et je n’ai pas fini de manger.

— D’accord, alors je demande à Grégoire de servir ta Canadienne.

— Hein !

— Elle vient de se mettre en terrasse. »

Gabriel met son croque sur la hotte et sort immédiatement.

« Merci, patron. »

N’empêche, il n’y comprend plus rien, pourquoi l’empêcher de la servir à midi pour l’appeler maintenant. Seulement, il n’allait pas se plaindre de ce revirement de situation.

Arrivé à la terrasse, il se dirige vers elle, ignorant des clients qu’il fera au retour.

« Oh, vous revoilà !, dit-il en souriant.

— Oui, maintenant que mon amie est partie, je n’ai pas envie de manger seule.

— Je vous amène un menu, vous voulez boire quelque chose en attendant ? »

Il se demande si elle va prendre sa sangria mais ne veut pas lui faire remarquer qu’il l’a déjà observée au point de savoir ça.

« J’aurais voulu boire ce que mon amie prenait, je n’ai pas retenu le nom.

— Un safari à l’orange, je vous l’amène et le menu.

— Vous retenez ce que boit tout le monde ? s’étonne-t-elle.

— Certains quand c’est souvent la même chose, les gens qui s’installent là viennent depuis une semaine, toujours la même chose, un Gordon pour monsieur, un martini pour madame, un coca et un Fanta. Ils viennent deux fois par jour, ça aide. J’y vais excusez-moi. »

Il s’arrête aux deux tables qui viennent de s’installer, prend les commandes. Arrivé au bar, il met un menu repas sur son plateau après avoir annoncé ce dont il a besoin.

« Au moins, quand c’est toi qui dragues, ça me rapporte, lance le patron en lui souriant.

— J’arrive, je vais croquer dans mon repas », répond-il en partant vers la cuisine.

Tout ça le mettait mal à l’aise, ses parents le surveillaient moins que son patron.

« Tu veux que je le réchauffe ? demande Nicole, la femme du patron qui est aussi la cuisinière.

— Non, merci, c’est très bon froid également. »

Il avale sa bouchée, boit un coup à son coca et repart vers le bar pour prendre son plateau. Il dépose les autres commandes avant de revenir vers celle qui fait battre son cœur pour avoir plus de temps avec elle.

« Qu’est-ce que vous avez fait aujourd’hui ? demande-t-il.

— J’ai marché jusqu’à la frontière française. J’ai vu les bunkers et je suis revenue. Demain, je marcherai dans l’autre sens.

— Vous pouvez aussi prendre un tram pour aller plus loin et revenir à pied, propose Gabriel.

— Je n’y avais pas pensé, c’est une bonne idée d'autant plus qu’il y a beaucoup de trams.

— Je vous laisse regarder à votre aise, sinon je vais encore me faire tirer les oreilles.

— Je ne voudrais pas que ça arrive à cause de moi. »

Gabriel lui sourit et repart pour desservir une table, prendre une autre commande. Arrivé dans le restaurant, son patron lui prend son plateau.

« Va finir de manger, je ne tiens pas à avoir la patronne sur le dos », ricane-t-il.

C’est ce qu’il fait. Nicole lui réchauffe son repas et lui donne de la salade fraîche. Il se dépêche tout de même, son heure de table est passée depuis un moment.

Quand il revient, son plateau est prêt, il espère que les clients ne rouspéteront pas, il a mis dix minutes pour servir, c’est énorme par rapport à d’habitude. Il préfère s’excuser directement.

Arrivé près de sa Canadienne, elle lui sourit avant de dire.

« Vous me conseillez quelque chose ?

— Vous avez déjà mangé des croquettes de crevettes, c’est une spécialité belge ?

— Non, vous avez raison autant faire aussi une découverte gastronomique et un jus d’orange.

— Je préviens la cuisine. »

En repartant, il s’arrête à une table pour prendre une autre commande et en débarrasser une troisième.

Il revient rapidement avec tout ce qu’on lui a demandé. Il lui dépose en premier ses croquettes et assortiments de crudités ainsi que sa boisson avant de partir rapidement servir d’autres personnes.

Chaque fois qu’il vient en terrasse, elle lui sourit tout en mangeant.

Il est presque dix-neuf heures trente qu’elle l’appelle par son prénom pour payer. Gabriel se sent un peu stupide mais ça lui réchauffe le cœur dont elle l’ait retenu. Au moment, où il encaisse et qu’il doit partir, il lui dit.

« À demain, passez une bonne nuit.

— Vous aussi mais vous devez bien dormir avec tout ce que vous marchez sur une journée.

— C’est certain, je suis fourbu le soir.

— À demain Gabriel », dit-elle en se levant.

Les restes des vacances de la demoiselle restent un peu semblables, elle apparaît vers onze heures trente pour prendre l’apéritif et un croque-monsieur. Elle revient vers dix-huit heures trente pour souper d’une spécialité. Gabriel lui demande ce qu’elle a fait de son après-midi et ils se disent bonne nuit.

À Suivre…

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